Wonder lover
Asphalte / Pocket
Wonder lover
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Le pitch
John Wonder est un homme de chiffres. Certificateur en chef de faits extraordinaires, il sillonne le monde en quête de records. Non content de les certifier dans son travail, de les authentifier, de les classer en autant de merveilles officielles, John Wonder en possède un lui-même. À l'insu de tous, il est marié trois fois, sur trois continents différents, et père de 3 x 2 enfants...
Mais mieux encore, ce polygame au score plus qu'honorable, cette véritable calculette sur pattes, rêve en secret d'accrocher la Femme la Plus Belle du Monde à son tableau de chasse. Or comme on sait, le mieux est l'ennemi du bien...
Mon avis
Avec Wonder lover, vous pouvez vous laisser attirer - comme moi et beaucoup d'autres, j'imagine - par le pitch, sacrément prometteur et terriblement roublard. Après, vous aimez, ou pas, c'est un peu en fonction de votre goût pour ce type de littérature très anglosaxonne où chaque personnage est une caricature, un paradoxe, un record, un symbole (ce n'est pas forcément ma tasse), ce que j’appellerais la littérature de l'excès.
Vous pouvez aussi vous laisser attirer par l'accroche qui figure - c'est assez rare pour le souligner - sur la première de couverture, en gros (presque aussi gros que le nom de l'auteur) : "Un humour dévastateur", signé Le point.
Et là, je ne peux que vous prévenir : ne cherchez pas l'humour dévastateur, il n'y en a pas ! Ce livre n'est pas drôle, mais alors pas drôle du tout ! C'est même souvent très glauque.
Avec une accroche et un pitch pareils associés, vous pouvez penser plonger dans une aimable pochade parfaite pour les vacances... c'est tout le contraire : Wonder lover est un des livres les plus sinistres que j'ai pu lire ces derniers temps.
Pourtant, le pitch est on ne peut plus fidèle à l'histoire que déroule Malcom Knox avec une plume somme toute très agréable. L'auteur a le sens de la formule, un esprit acéré, l'ironie mordante. Ce n'est jamais drôle, c'est acide, comme un jus de citron non dilué, cela fait mal aux dents car l'auteur est, au fond, un grand misanthrope.
Durant l'exacte première moitié du livre, la recette fonctionne bien, on se laisse porté par ce conte très désincarné. Désincarné, car le narrateur, c'est "nous", une sorte d'entité représentant les six enfants de John Wonder, qui n'apparaissent pas (ou si peu) dans le roman.
Désincarné aussi car, malgré la profusion de détails sur les personnages principaux, ceux-ci n'ont que l'épaisseur de leur silhouette, de par l'erreur fondamental de l'auteur de rester du début jusqu'à la fin du livre dans la narration, en évitant presque totalement tout élément de dialogue. Résultat : c'est un roman très sec, qui manque complètement de moelleux.
Après, on décroche petit à petit, pour finir par se désintéresser de ses personnages pour lesquels on ne ressent ni sympathie, ni empathie.
La surprise initiale à disparu, l'auteur patine, l'histoire de la relation entre John Wonder avec la "4ème femme", celle qui va le rendre fou d'amour, fou tout court, est interminable et sinistre.
Dommage. Avec cent pages de moins, des personnages finalement un tout petit peu moins "too much" et quelques dialogues bien enlevés, Wonder lover aurait pu faire un excellent roman.
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