Washington Black

Esi Eduyan

Folio

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Le pitch

La Barbade, 1830. Washington Black, onze ans, est esclave dans une plantation détenue par un homme cruel. Très vite, sa vivacité et ses talents de dessinateur impressionnent le frère de son maître, l'excentrique Christopher Wild. Cet explorateur abolitionniste le prend sous son aile pour l'assister dans un projet fou : construire un ballon dirigeable.

Quand un jour Wash est accusé à tort d'un crime, les deux hommes sont contraints de fuir. S'envolant des Antilles au pôle Nord, de Londres au Maroc, c'est un voyage extraordinaire qui attend le jeune Wash en ce siècle de découvertes. Mais le chemin le plus dur à parcourir sera celui qui le mènera vers la liberté.

Mon avis

Les romans sur l'esclavage sont à la mode.

Je sais, cette affirmation a quelque chose de choquant dans son expression même, et pourtant il faut bien l'admettre : un auteur américain aura, en ce premier quart du XXI° siècle, d'autant plus de chance de se faire repérer que son roman touche de près à ce traumatisme majeure de l'histoire de son pays.

Une preuve parmi tant d'autres : le prix Pulitzer attribué en 2017 à Colson Whitehead pour Underground railroad.

Heureusement, certains de ces romans au thème si prévisible donnent prétexte à une ouverture sur un heureux imprévu.

C'est le cas avec Washington Black car, si le récit d'Esi Eduyan (une canadienne d'origine ghanéenne) démarre dans la plus pure tradition du roman sur l'esclavage (la terrible vie d'un enfant noir dans une plantation dirigée par un maître sadique), il  part rapidement dans une direction complètement imprévue, dans la grande tradition du roman d'aventure cher à la littérature du XIX° siècle.

Comme si l'auteure tirait son inspiration de multiples lectures des romans de Jules Verne, notre très jeune héros, avec son mentor, vivra une expérience unique dans les airs grâce à un dirigeable, avant d'enchainer sur un voyage au long cours sur un bateau, puis d'entreprendre une équipée vers le pôle Nord, pour poursuivre vers... je ne vous en dirait pas plus, car tout le charme du roman d'aventure, vous en conviendrez, vient des rebondissements qui surprennent le lecteur.

Mais si Washington black n'est pas qu'un roman sur l'esclavage, il n'est pas non plus un pur roman d'aventure.

C'est aussi un récit fort intelligent qui parle des sciences, du pouvoir du savoir sur la condition sociale des individus, mais aussi - avant tout ? - un texte sur la filiation... que de richesses en 500 pages !

Le récit, à la première personne, est franchement séduisant, même si à trop vouloir nourrir son propos, Esi Eduyan emprunte parfois des chemins de traverse qui désarçonneront certains lecteurs (l'intensité des cent dernières pages est nettement inférieur au reste du roman)

Le style de la jeune auteure canadienne est particulièrement agréable, la technique de narration impeccable et l'ensemble du roman dégage une vitalité et une sympathie ma foi fort convaincante.

Comme si Jules Verne avait travaillé avec Charles Darwin pour écrire un roman à quatre mains... Chaudement recommandé !

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