Vol 714 pour Sydney
Casterman
Vol 714 pour Sydney
Casterman
Le pitch
Vol 714 pour Sydney (1968) , c'est le voyage interrompu, le détournement qui bouleverse tout, l'incursion de Tintin et de ses compagnons dans l'inconnu, dans un monde irréel animé par des phénomènes télépathiques, c'est le contact incroyable avec des extra-terrestres et la sortie d'un rêve... Mais en est-ce bien un ? Djakarta, dernière escale avant Sydney pour le Boeing vol 714.
Une rencontre subite avec une vieille connaissance (Szut) conduit Tintin et ses amis à répondre favorablement à l'invitation du célèbre milliardaire Laszlo Carreidas (l'homme-qui-ne-rit- jamais) et à embarquer sur son triréacteur "le Carreidas 160". Ils seront malgré eux les témoins de l'enlèvement du milliardaire.
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Mon avis
22e et avant-dernier album des aventures de Tintin (et Haddock, et Milou).
Impossible, en lisant Vol 714 pour Sydney avec un plaisir enfantin renouvelé, de mettre de côté l'impression d'assister à la - presque - fin d'une cycle : en 1967, quelques années avant le désastreux Tintin et les Picaros, Hergé arrive au bout de son inspiration et de sa foi dans ce qu'il raconte.
Deux signes de cette lassitude :
Le premier est particulièrement évident : Hergé laisse déraper la fin (et la clé) de son histoire vers la facilité absolue, sur le terrain de la SF et des OVNI, si à la mode alors dans ce monde pré-soixantuitard.
Une fin bouclée (bâclée ?) par un "truc" scénaristique usé jusqu'à la corde (effacement de la mémoire des protagonistes et hop ! on repart à zéro).
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Le Carreidas 160, dessiné par le jeune Roger Leloup (Yoko Tsuno)
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Le deuxième signe est visible comme le nez au milieu du visage de Rastatpopoulos : Hergé ridiculise tous ces méchants avec un plaisir évident. Ils sont malmenés tout au long de l'album : explosiion de grenade, perte de dentier, injection de penthotal : c'est la totale, c'est le cas de le dire !
Le lecteur rit, ravi, mais bon le mal est fait : on ne croira plus jamais aux méchants de Tintin...
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Une fois ces considérations mises à part, il faut bien reconnaître que l'album est une sacré réussite.
Même si le scénario, très linéaire, manque un peu de consistance dans les deux derniers tiers du volume, il faut relever que les vingt premières planches du récit sont fabuleuses, parmi les meilleures de la série.
A la lecture de cette ouverture virtuose, bourrées de gags inoubliables et dotée d'un suspens digne d'un début de James Bond, le lecteur est aux anges.
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Crayonné de la planche 52
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Quant au graphisme et à la mise en page, c'est tout simplement de l'Hergé pur jus, au top, le roi de la petite vignette bourrée de détails d'ue précision extrême. Génial !
Vol 714 pour Sydney fait partie des très grands albums de Tintin. Pas au niveau des immenses classiques, les diptyques de La Lune, de La licorne, ou du Temple du soleil. Mais quel plaisir, tout de même !
Indispensable.
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