Le pitch

Ils ont traversé l'Atlantique pour vivre leur rêve, le vrai, l'américain.

Originaire du Cameroun, Jende Jonga sait que le sort de sa famille repose sur l'obtention d'un visa de travail. Des études pour sa femme, Neni, un avenir pour son fils, Liomi... Après plusieurs petits boulots clandestins, Jende croit enfin tenir sa chance : un job de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier de Manhattan. Mais nous sommes en 2007, et la crise des subprimes réserve, à tous, un réveil brutal...

Choc des cultures et quête du bonheur : le rêve que l'on poursuit n'est pas toujours celui qu'on croit...

Mon avis

Le choc des cultures...

Entre Cameroun traditionnel et Amérique de Wall Street : c'est cette perspective rare et étonnante évoquée par le pitch de l'éditeur qui m'a donné envie d'acheter ce roman au joli titre (français).

Premier roman d'une camerounaise immigrée aux U.S. pour faire ces études, Voici venir les rêveurs a fait grimper au rideau les grands éditeurs de la planète qui se sont battus à coup de carnet de chèques pour obtenir le privilège de le publier.

Cinq cents pages plus loin, je dois bien avouer que, pour une fois, je ne suis pas tombé sur un produit littéraire marketé comme une lessive, mais bien sur une oeuvre personnelle, chaleureuse, qui ne ressemble à nulle autre.

L'idée géniale d'Imbolo Mbue est d'avoir utilisé le prisme de la vision de la famille Jonga pour dépeindre l'Amérique de tous les excès : Manhattan, la crise des subprimes.

Avec une fausse innocence et une vraie naïveté nées du choc culturel, considérable, Jende - l'homme un peu macho mais si fondamentalement amoureux de Neni, sa femme, dont la virilité de caractère surprend encore et encore -, raconte pour quelles raisons il est si difficile de changer de civilisations lorsqu'elles sont si éloignées l'une de l'autre.

L'auteure ne tombe jamais - pas une seule fois - dans la facilité.

Les bons ne sont pas parfaits, les méchants le sont peut-être pour d'excellentes raisons; les riches ne sont pas toujours égoïstes et cupides, les pauvres sont parfois ridicules et naïfs.

Avec un sens de la narration indéniable - le roman est un vrai Tourne Page - Imbolo Mbue déroule une histoire un brin trop prévisible (c'est le seul léger reproche que je formulerais) mais au contenu finalement chaleureux et bourré d'humour et d'optimisme.

Le message final, plein d'une sagesse humaniste extrêmement réconfortante, porte le lecteur jusqu'à sa conclusion avec un léger sourire aux lèvres.

La performance d'Imbolo Mbue ? Etre parvenue à raconter une histoire finalement assez dure, souvent triste, tout en faisant un feel good book.

Un peu magique.

A offrir autour de soi, comme tous les romans qui vous ont touché profondément.