Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
Le livre de poche
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme
Le livre de poche
Le pitch
Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d’Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée…
Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Mon avis
Immense auteur, un des plus importants du XX° siècle, Stefan Zweig n'a jamais réussi à écrire un vrai roman à la hauteur du talent déployé dans ses écrits les plus courts.
Le seul roman qu'il parvint à achever, La pitié dangereuse, manque de consistance, de puissance et de modernité.
Par contre, l'auteur autrichien n'a jamais été aussi à l'aise que dans la très longue nouvelle, la novella comme désigne les anglo-saxons ces récits d'une centaine de pages. C'est dans ce format qu'on trouve ses plus grandes réussites, comme Amok, Le joueur d'échec ou 24 heures de la vie d'une femme.
En reprenant ce dernier texte, sans doute pour la quatrième ou cinquième fois de ma longue vie de lecteur compulsif, j'ai été frappé par une révélation.
Contrairement à la manière dont ce récit est habituellement perçu et présenté, ce qui en fait le sujet principal, mais aussi son caractère intemporel, ce n'est pas la passion amoureuse, mais bien la folie, la déchéance formidable de la pire des addictions : le jeu.
C'est à ce titre que je vous recommande de lire 24 heures, car c'est là qu'il a gardé toute sa modernité, contrairement à la trame romanesque centré sur l'étude de la passion qui foudroie la narratrice, une trame qui me semble un peu désuète, ayant perdu de sa puissance, un siècle tout juste après sa sortie (la publication est de 1922).
Lisez, je vous en conjure, la petite vingtaine de pages qui développe, dans la première partie du court roman, la description des joueurs rassemblés autour d'un tapis de roulette dans un casino de Monte-Carlo.
Véritable étude entomologiste qui décrit les corps - et surtout les mains ! - des joueurs s'adonnant à leur passion - à leur drogue ! -, ce long passage génial rabaisse l'homme au niveau de l'animal, comme pour mieux pointer l'abjection de cette addiction mortelle, au sens propre du terme.
A ce passage, fait écho la dernière rencontre, terrible, de l'héroïne avec son amant, alors que, possédé littéralement par le jeu, il ne la reconnait plus, n'est plus lui-même.
En redécouvrant cet aspect de l'œuvre, impossible de ne pas établir un parallèle avec Le joueur, de Dostoïevski.
Deux textes inoubliables, à placer définitivement dans sa bibliothèque idéale !
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Un film magnifique aussi