Le pitch

La cinéaste Catherine Voralberg a décidé d'adapter à l'écran "Marianne", le roman d'Augustin Morel.

Elle a choisi de planter son histoire dans le décor original du village de Sainte-Geneviève, théâtre cinquante ans plus tôt des événements décrits dans le récit du vieux Morel. Une histoire tragique sur fond de vieilles haines, trahisons, et souvenirs douloureux de la 2e Guerre mondiale et de ses maquis.

La réédition, mise en couleurs, d'un classique de Sokal, qui prend ici un style plus réaliste que dans sa série les Aventures de l'inspecteur Canardo.

Mon avis

Non, Benoit Sokal, ce n'est pas que le père de l'inspecteur Canardo, le canard le plus amer de la BD !

Non, Sokal, ce n'est pas non plus que l'auteur de l'Amerzone, Sibéria et autres aventures informatiques !

Benoit Sokal, ce créateur polyvalent, est aussi un superbe dessinateur et scénariste réaliste : Le vieil homme qui n'écrivait plus, très beau one shot créé avant la fin du siècle dernier, en est la preuve manifeste.

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Dans ce "long métrage" (près de 100 planches) scénarisé comme un film, l'auteur rentre de plein pied (les deux pieds !) dans le récit social tel qu'il était pratiqué au mitan du XX° siècle.

Une histoire glauque, poisseuse, qui navigue entre deux époques, les années 90 et la période de l'occupation, dans un petit village du fin de fond de notre beau pays.

Le récit est prenant, même si certains personnages frisent la caricature, car Sokal est un raconteur d'histoires doublé d'un fort bon écrivain (il y a beaucoup de texte), et la qualité du découpage, très cinématographique, est remarquable.

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Mais ce qui fait toute la valeur de ce remarquable album, ce sont les graphismes.

A partir d'un parti pris audacieux - dessin totalement réaliste, noir et blanc, juste encré (cherchez une édition ancienne, sans mise en couleurs) - Sokal nous en met plein les mirettes : quel talent !

Si les visages ne sont pas son point fort (ceux des femmes se ressemblent un peu trop), tout le reste est magnifique.

Mais c'est surtout la nature qui inspire l'auteur, et les animaux : ces chevaux ! Ces chiens ! Ces oiseaux !

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Les atmosphères de nuit sont tout simplement magiques, Sokal joue sur des contrastes de lumière extrêmes pour créer des ambiances à la limite du fantastique.

On ne peut qu'être frappé, sur certaines vignettes, par la ressemblance entre son travail et celui de Schuitten...

Ce n'est sans doute pas par hasard si les deux maîtres du dessin ont fini par collaborer ensemble, en 2017, sur un important projet commun (Aquarica).

Pour les amateurs de BD réaliste, Le vieil homme qui n'écrivait plus est un incontournable.