Traquenoir
10/18
Traquenoir
10/18
Le pitch
Engagé comme détective pour retrouver l'auteur d'un crime oublié dont l'arrestation constitue le clou d'une émission de téléréalité à gros budget, Toussaint Marcus Moore doit pister un pauvre Blanc, lequel, malgré la filature serrée dont il est l'objet, se fait assassiner. Moore devient alors le premier suspect... et il est Afro-américain ! Si on l'arrête, il est bon pour la chaise électrique. Il faut donc absolument qu'il retrouve l'assassin.
L'intrigue se déroule dans une Amérique blanche et raciste des années du maccarthysme. Avant les héros de Chester Himes, Ed Cercueil et Fossoyeur-Jones, Toussaint Marcus Moore est le premier personnage noir de détective, faisant de Leonard Zinberg alias Ed Lacy un pionnier au talent incontestable.
Mon avis
Avec Traquenoir, voici l'occasion de faire une plongée vintage dans l'Amérique ségrégationniste des années 50.
Traquenoir, c'est une nouvelle traduction, vraiment bizarre, du pourtant joli titre original américain Room to swing (je n'ai pas compris l'explication du traducteur dans la préface).
Fruit de la plume d'un auteur blanc et juif marié à une noire, ce polar hard boiled ne manque pas de qualité.
En premier lieu, le fait que le personnage principal soit un noir.
Être noir, pour un détective, en 1957, c'est un sacré handicap : on ne peut entrer dans n'importe quel magasin, on se fait arrêter par les flics pour des contrôles sans justification...
Toussaint Marcus Morre, un colosse aussi sympa qu'impressionnant, est un joli personnage et un excellent narrateur, rien que pour cela, le roman mérite d'être découvert.
En seconde lieu, une ambiance et un cadre original, que restitue bien la nouvelle traduction, très réussi, elle.
En fait, suivre les innombrables références à la culture, à l'actualité américaine des 50's se révèle parfois vraiment ardu, mais le traducteur avec ses notes en bas de page facilite grandement la tâche du lecteur français des 20's (2020's !).
Par contre, il ne faut pas s'attendre à un roman d'une qualité exceptionnelle, on est bien loin des grands titres noirs de James M. Cain !
L'intrigue est présentée d'une drôle de façon, parfois presque confuse, et elle manque singulièrement de densité et de subtilité.
Conclusion : un petit noir serré, plutôt sympa pour l'été grâce à son héros et son ambiance vintage originale.
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