Train d’enfer
10/18
Train d’enfer
10/18
Le pitch
Dans la forêt, là où les routes s'épuisent, à l'extrême nord, mètre après mètre progresse la voie ferrée. Pour la poser, avancer toujours plus au cœur de la taïga américaine, il est une petite communauté d'hommes.
Venant des prisons, des hôpitaux, tous rejetés de la ville, ils vivent désormais pour ce travail dépourvu de sens, pour la paye et pour l'alcool, sous la double emprise d'un cuisinier prophète de leurs souffrances et d'un contremaître brutal, puissante image du mal.
Sorti on ne sait d'où, du bien, un jeune homme va défier la déraison de cette meute haineuse. Dans la forêt, il retrouvera la horde tragique des autres, les errants, les craqués, entreprendra avec eux une épuisante fuite, jusqu'à l'ultime confrontation.
Mon avis
A quoi tient l'amour ou le désamour entre un livre et un lecteur ? Parfois à pas grand-chose.
Un exemple ? Après avoir acheté ce roman (publié en France vingt ans après sa sortie au Canada) sur sa couverture et son pitch (sympa, le pitch, non ?), je me suis pris pour commencer le titre dans la figure.
Train d'enfer. Timekeeper en canadien anglais. Le gardien du temps. Un titre original qui révélera tout son sens au fil des chapitres.
Alors pourquoi Train d'enfer ? A part un bon coup de bullshit marketing, je ne vois pas...
Bien. Continuons.
Dès la première page, le lecteur un brin surpris comprend qu'il ne lit pas une traduction française, comme c'est écrit en pages intérieures, mais une traduction en canadien français.
Ce qui, en soit, n'est pas dramatique, on se fait très vite aux idiomes canadiens. Par contre, pour le style, c'est plus gênant. Le texte est rugueux. L’œil bute partout, c'est aussi agréable à lire qu'un tas de cailloux fracassés à la masse.
Mais bons. Continuons.
Mais pas longtemps. Car tout de suite, le pauvre œil déjà abîmé se cogne gravement aux dialogues.
L'éditeur (ou bien est-ce l'auteur, Trevor Ferguson ? Je ne sais pas, le résultat est le même) s'est affranchi d'une convention typographique universelle : les dialogues ne sont pas marqués par un "à la ligne, tiret", ou à la rigueur par des guillemets.
Non : les dialogues font partie de la narration. Avec parfois des retours à la ligne, mais pas toujours, cela serait trop simple.
Alors, c'est à votre cerveau de faire le tri. Le mien est trop habitué aux bêtes conventions, il est donc paresseux, et il s'est mis à râler.
Vous comprendrez qu'après tout cela, il m'a fallu beaucoup de bonne volonté pour poursuivre. Ce que j'ai pourtant fait, parce que je suis un brave bougre de lecteur.
Durant la première partie - une petite moitié du roman -, cela tient la route : ambiance archi glauque mais prenante, personnages taillés à la serpe mais qui cadrent avec le décor et le contexte, petit suspens...
Mais le peu de suspens disparaît et le récit bascule ensuite dans un climat d'horreur digne d'un bon film de série américain, au scénario digne... d'un bon film de série américain.
Tiens, voilà ce qu'est Train d'enfer : un bon script de film d'action/horreur américain. Je crois bien qu'il a été adapté d'ailleurs au Canada, en 2009, sous le titre L'heure de vérité. Décidément...
Déconseillé aux lecteurs délicats. Pour de multiples raisons, vous l'avez compris.
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