Tintin au pays des soviets
Casterman
Tintin au pays des soviets
Casterman
Le pitch
Tintin au pays des Soviets restait le seul album de Tintin uniquement disponible à ce jour dans sa version noir et blanc. Créée en 1929 et restée introuvable en librairie jusqu'en 1973, cette première grande histoire marque la naissance de Tintin.
C'est avec un plaisir presque enfantin, guidé par l'esprit du jeu et le désir de vitesse qu'Hergé s'adresse au lecteur dans cette course-poursuite où avions, voitures, trains, hors-bords et motos filent à toute allure. Si le dessin ne s'inscrit pas encore dans la perfection du style " ligne claire ", le jeune auteur de 21 ans démontre déjà son habileté de romancier en images.
La mise en couleurs amplifie la lisibilité du récit, la clarté des dessins et surprend par sa modernité, comme s'il s'agissait d'un nouvel album. Elle a été confiée dans le cadre des Studios Hergé à Michel Bareau, assisté de Nadège Rombaux.
Mon avis
Evènement médiatique s'il en est de l'année 2017, la première publication de Tintin aux pays des soviets après mise en couleurs justifie-t-elle enthousiasme et félicitée, comme certains ont bien voulu le laisser entendre ?
J'avoue que j'y suis allé un peu (beaucoup) à reculons.
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D'abord, car je suis l'heureux possesseur de l'édition de 1973 (Archives Hergé) mentionné dans le pitch, qui était certes en noir et blanc mais qui avait l'avantage de proposer les versions originales des trois premiers albums du petit reporter mais aussi, en ouverture, la vingtaine de planches des aventures de Totor, C.P. des hannetons, l'"ancêtre" de Tintin.
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L'édition Archives Hergé, en noir et blanc
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Ensuite, parce que je dois bien avouer que Tintin au pays des soviets est une œuvre de jeunesse d'Hergé (il n'avait que 21 ans lorsqu'il l'a créée), qui a très, très mal vieillie : dessin, intrigue, le fond et la forme pêchent gravement; même si, selon la sagesse populaire, il faut bien que jeunesse se passe et c'est en forgeant qu'on devient forgeron !
Mais il ne faut jamais jurer de rien (disait ce bon vieux William) car, après lecture de l'œuvre revisitée, je dois bien reconnaître que, si le fond n'a pas changé (c'est vraiment du slapstick à la Buster Keaton, un simple enchaînement de gags et de courses poursuites), la forme a vraiment bien évolué.
La mise en couleurs est une vraie réussite : en employant des tons pastels volontairement assez ternes, Michel Bareau et Nadège Rombaux ont su trouver un ton qui va parfaitement avec l'époque à laquelle a été écrite et dessinée l'histoire.
Les couleurs donnent de la profondeur au dessin, ajoutent parfois une ambiance qui manquait complètement dans la version originale (les meilleurs exemples sont les scènes de nuit dans la neige, qui ont enfin un sens) et rendent paradoxalement parfois le dessin moins naïf (pour ne pas utiliser l'adjectif primitif...).
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Comparaison entre les deux versions d'une même case
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Un achat peut donc se justifier. Mais, bizarrement, je regrette que le travail de modernisation n'ait pas été mené plus loin.
Sans toucher aux dessins lui même, l'album aurait considérablement gagné à un relettrage complet des bulles (celui d'origine est vraiment catastrophique) et à une redisposition des vignettes, en en diminuant la taille aux normes actuelles, sur un moindre nombre de planches.
Peut-être pour la prochaine fois ?
NB : il existe également une édition "luxe" de cette œuvre mise en couleurs. Elle est plus de deux fois plus chère (31.50 €) et les différences avec la version standard (qualité du papier, tirage d'une planche "oubliée" et un cahier "spécial" de quinze pages) ne justifient à mon avis aucunement la différence de prix et, donc, son acquisition.
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Moi, j’ai jamais aimé Tintin ni Hergé. (J’espère pas me faire tuer en disant ça.)