Tiens ferme ta couronne

Yannick Haenel

Gallimard

Partager sur :

Le pitch

Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit.

S'ensuivent une série d'aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l'île d'Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie.

On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d'hôtel sosie d'Emmanuel Macron.

Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature ? La comédie de notre vie cache une histoire sacrée : ce roman part à sa recherche.

Mon avis

En refermant ce roman, bien avant la fin (j'ai craqué, malgré toute ma bonne volonté !), j'ai senti mon cerveau de grand lecteur, traumatisé, émettre un dernier message avant de sombrer dans l'inconscience (comme le "héros" de l'histoire, chaque fois qu'il a atteint sa dose formidable d'alcool quotidienne) : "méfiez-vous des quatrième de couverture trop belle pour être vraie !" Puis j'ai sombré dans le noir.

Voilà comment tout a commencé : en lisant le pitch du roman de Yannick Haenel. On y parle d'un scénario sur Herman Melville, l'auteur de Moby Dick (un de mes livres de chevet), de Michael Cimino, le réalisateur de La porte du paradis (un de mes films de chevet), de New York (une de mes villes de chevet), etc...

Des listes de noms et de références excitantes qui s'entrechoquaient joyeusement devant mes yeux fascinés.

J'ai donc ouvert la première page et j'y suis allé, vaillant petit soldat. Ah, oui : Haenel adore les soldats, il décrit pendant des pages et des pages avec fascination des scènes entières - les plus fameuses -  d'Apocalypse now, de Coppola, que tout le monde connait, ce qui ne présente donc pas le moindre intérêt.

J'ai tenu deux cents pages.

Yannick Haenel a des obsessions, puisque le thème de presque tous ses romans tourne toujours autour de la rupture de l'homme avec la civilisation qui l'entoure; l'alcool aussi. Fort bien.

Mais suivre le récit d'un semblable cheminement, par de telles voies, cela n'est pas forcement passionnant pour d'autres que l'auteur (les lecteurs, par exemple !), ou alors, il faut un romancier particulièrement brillant, comme Houellebecq, tiens, au hasard, ou alors, plus récemment Virginie Despentes.

Une bonne partie de la vie de l'auteur tourne aussi autour de Moby Dick, puisqu'il évoquait déjà cette obsession lors de la sortie de Cercle, son roman paru en 2007. Fort bien. Mais je préfère mille fois relire le chef d'oeuvre de Melville, plutôt que de découvrir les considérations pompeuses et absconses d'un auteur à son propos.

L'auteur ne se donne aucune peine pour ancrer son roman dans le réel (cf. le passage totalement désincarné  à la Frick collection et son errance avec Cimino dans un New York où l'on se demande s'il s'y est déjà rendu) ou pour donner matière à la réflexion et l'imagination du lecteur.

Même si - quel dommage ! - le style de Yannick Haenel  ne manque pas de qualité, je me suis demandé comment il parvenait, roman après roman, à se faire publier par L'infini, la collection de Gallimard. Et puis j'ai vu qu'il était très proche de Philippe Sollers. Alors j'ai mieux compris.

Et, pour couronner le tout (puisque le titre parle de couronne, allez chercher la référence, cela vous fera du bien !), voilà t'y pas que Michael Cimino casse sa pipe tandis que Yannick Haenel achève la rédaction de son roman. Ma pov' dame, y'a vraiment plus de saison ! Passez votre chemin.

Acheter sur Amazon

Du même auteur