The private eye

Brian Vaughan & Marcos Martin

Urban comics

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Le pitch

Le Cloud a implosé, et avec lui tous les secrets les plus précieux de l'humanité, des trafics les plus illicites aux photos de voyage du citoyen lambda, se sont retrouvés à la portée de tous.

Désormais, nous évoluons masqués, seul moyen de protéger ce qu'il reste de notre intimité. Bienvenue dans une société post-Internet.

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The private eye

Mon avis

Un très, très gros coup de cœur pour un album comics américain totalement hors du commun, cela vous tente ?

Humm... c'est bien ce que je pensais !

Première chose qui attire l'œil, dans les rayonnages d'un libraire ou d'une médiathèque : le format de l'album.

Un gros volume, épais, lourd, mais développé dans un format à l'italienne, quasiment jamais utilisé pour les comics américains (à part 300, je n'en vois pas d'autres).

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A l'intérieur, 300 planches pleine page, sans marges, imprimées sur un épais papier glacé.

300 pages qui pètent littéralement de mille couleurs qui vont vous sauter aux yeux pendant plusieurs heures... car il vous faudra bien trois bonnes heures pour venir au bout de ce thriller qui se déroule dans un décor futuriste absolument dément.

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The private eye

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Petite pause : il me parait nécessaire d'expliquer ici pourquoi The private eye a été développé par Marcos Martin (aux illustrations) et Brian K. Vaughn avec des dispositions aussi originales.

C'est tout simplement parce que l'album a été conçu, puis développé, entièrement sous format numérique.

Les dix chapitres de l'histoire ont été mis en ligne, au fil des mois, sur un site créé spécialement pour le projet, les lecteurs pouvant acheter les épisodes en mettant le prix qu'ils souhaitaient !

L'entreprise a rencontré un succès si phénoménal que les auteurs, surpris, ont a postériori convaincu Urban Comics d'éditer l'intégrale de la BD en format papier. Dingue, non ?!

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The private eye

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Mais revenons à nos moutons (électriques, comme dirait Philip K. Dick...).

The private eye est une réussite totale, car il s'appuie sur deux jambes aussi fortes l'une que l'autre (gasp ! la machine à métaphores foireuses s'est remise en marche !).

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The private eye

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Côté scénario, c'est du sérieux, car Brian Vaughan est un des cadors du comics américain (les séries Saga, Y le dernier homme, le superbe one shot Les seigneurs de Bagdad).

Son idée, brillantissime, est d'avoir imaginé un monde futur qui s'est débarrassé d'internet, pour une raison astucieuse que je vous laisserais découvrir vous-même.

Dans ce monde rétrofuturiste, chacun peut enfin protéger son anonymat en cachant son visage sous un masque en 3d hyper réaliste.

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The private eye

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Le héros ? Un privé, un détective prêt à risquer sa vie pour accomplir sa mission.

C'est là la deuxième bonne idée du scénariste : dérouler un polar "à l'ancienne" dans un décor du futur, avec une intrigue aussi solide qu'il y a un bon demi-siècle. Un scénario Tourne Page, pas de doute, qui ne déçoit à aucun moment.

Côté illustrations, c'est tout simplement du jamais vu, avec des planches incroyablement colorées (ça pète de partout pour le bonheur des yeux du lecteur) fourmillant de vignettes bourrées de détails réalistes, sortis d'un trait hyper dynamique.

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The private eye

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Marcos Martin a mis deux ans pour parvenir au bout de son délire visuel, et cela se sent.

Quelle merveille de contempler un plan de rue où des dizaines de personnages masqués circulent, comme dans un trip sous acide (enfin... j'imagine...) !

Bref, pas la peine de continuer : vous avez compris que j'ai adoré cet album, que je place illico (presto) dans le panthéon des mes comics préférés. Alors : courrez-y vite !

NB : dans une long postface, les auteurs racontent la naissance et le développement de l'entreprise. C'est très intéressant.

 

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