Stella
Vents d'ouest
Stella
Vents d'ouest
Le pitch
New-York, de nos jours. Taylor Davis est écrivain. S’il a connu le succès par le passé, sa carrière est à présent en berne et ses livres se vendent de moins en moins. Mais ce n’est pas très important à ses yeux car Taylor travaille pour l’amour de l’art. Et justement, le nouveau roman sur lequel il se penche depuis des mois l’enthousiasme tout particulièrement. Il s’agit de l’histoire d’un couple située dans les années 1950 et dont l'héroïne se prénomme Stella. Celle-ci s'interroge sur sa vie et se pose tellement de questions que Taylor s’est mis à lui répondre et a engagé un véritable dialogue avec elle. Est-ce un signe de schizophrénie? Pour Taylor, en tout cas, Stella est plus qu'un personnage de fiction.
Si bien qu’un jour, alors qu’il vient presque malgré lui de taper le mot « FIN » sur son clavier d’ordinateur, Stella apparaît devant lui. Comme si ces trois petites lettres, à la manière d’une incantation, lui avaient permis de prendre corps dans la réalité ! Mais comment un personnage de fiction pourrait-il vivre au sein du monde réel, qui plus est dans une époque qui n’est pas la sienne ? Pour Taylor, c’est la fin d’un roman. Mais pour Stella et lui, c’est le début... d’une histoire.*
Mon avis
C'est toujours un plaisir de découvrir un nouveau album de Cyril Bonin, auteur stakhanoviste et polyvalent (scénario et dessin) capable de sortir un titre par an avec une constance dans la qualité qui mérite des éloges.
Après La belle image, adaptation réussie d'un roman de Marcel Aymé, puis le petit bijou The time before, voici donc Stella.
On y retrouve toutes les constantes - les bonnes et les moins bonnes - du travail de Cyril Bonin :
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1/ Un thème fantastique : à chaque fois, le personnage principal voit un élément fantastique faire irruption dans sa vie et la transfigurer complètement.
L'auteur joue ici (avec toujours la même habileté et subtilité d'écriture) sur la mise en abime de la création littéraire : le personnage d'un roman est-il finalement plus réel et consistant que celui de son auteur ?
2/ Un goût prononcé pour les années 50 : ici, la période n'est pas la toile de fond de l'album, mais celle d'où vient Stella.
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3/ Un goût également clairement affiché pour les retournements de scénario imprévus. Les dernières planches de Stella livrent un switch charmant d'intelligence.
4/ Un dessin technique, fin et fluide (à l'exception des visages, que je n'aime pas beaucoup car ils se ressemblent tous un peu).
5/ Une fascination (qui tourne à l'obsession) pour une gamme chromatique ultra restreinte, la quasi totalité des planches baignant dans l'orange ocré et le vert d'eau.
Sur ce point là, il faut absolument que Cyril Bonin s'affranchisse de cette obsession monomaniaque, vraiment pesante pour ses lecteurs !
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Nonobstant ces petits problèmes, je tiens à remercier à nouveau l'auteur pour sa capacité à marcher hors des sentiers battus.
La qualité littéraire de son travail, son style narratif fluide et serein, le choix de scénarios s'appuyant avant tout sur l'évolution et la confrontation psychologique subtile des personnages, donnent à son œuvre une tonalité un peu fragile et désuète (ce n'est pas péjoratif, loin de là !) qui me ravissent.
Si, comme moi, vous aimez les BD qui s'adressent à l'imagination et aux sentiments, foncez !
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