Le pitch

Que sait-on réellement sur Shakespeare, qui n'a laissé que quatorze mots de sa main ?

Campant avec sa truculence habituelle le décor de l'Angleterre de la fin du XVIe siècle, Bryson nous ramène à l'homme qu'a pu être le dramaturge et nous en apprend beaucoup sur un personnage aussi mystérieux.

Surtout, notre écrivain-voyageur de l'Iowa nous transporte au coeur d'une oeuvre universelle qui demeure la plus belle preuve de l'existence de Shakespeare

Mon avis

Bill Bryson est décidément un drôle de numéro : cet auteur à la double nationalité (anglaise/américaine), d'une folle érudition, est capable de disserter sur à peu près n'importe quel sujet, y compris le plus ardu, tout en vous passionnant et en vous faisant rire.

C'est ce qu'il parvient à réaliser dans cette "antibiographie" de Shakespeare, qui est la biographie la plus intelligente que j'ai eu l'occasion de lire depuis longtemps.

Le principe ? Bryson rappelle avec juste raison que Shakespeare nourrit depuis quatre siècles les fantasmes de milliers de personnes, déterminés à décrypter avec une précision maniaque la vie d'un homme dont on ne sait en fait... presque rien (certains pensent encore d'ailleurs que ses pièces ont été écrites par quelqu'un d'autre !)

Excédé par ces délires multiples (il en raconte beaucoup avec un humour corrosif), Bryson a donc décidé de raconter, non pas ce qu'on peut imaginer de la vie du grand auteur, mais simplement ce dont on a la certitude... c'est à dire une somme d'informations qui va de pas grand chose à presque rien !

Cet essai est donc bref, d'une précision extrême, et en même temps très instructif car, si l'on n'apprend pas grand-chose sur Shakespeare lui-même, Bryson dépeint avec intelligence le cadre de l'époque dans laquelle le dramaturge évoluait.

J'ai ainsi énormément appris ce qu'était que la vie d'un "theâtreux" à l'époque élisabéthaine : dans quelles conditions il écrivait, vendait ses pièces, où et comment se jouaient les pièces.

Tiens, juste une : saviez-vous qu'à la fin du XVI° siècle, le producteur d'un théâtre plaçait l'argent collecté d'une représentation dans une boite spéciale ( "box"), puisque, le temps de la représentation, la boîte était placée dans une bureau spécial ("office") ? D'où l'expression : box office...

C'est passionnant et, comme toujours chez Bryson, on est charmé par son style spirituel et son humour décapant.

Allez-y, c'est un plaisir, bref, mais intense, cela se lit presque comme un roman policier.