Le pitch

Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland. Empoisonné par l'amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d'isolement que la société a prévu pour lui. Après l'orphelinat, la maison de correction; après la prison du comté, la prison d'Etat.

Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin. Affranchi par la connexion qui l'a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l'aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.

Mon avis

Sale temps pour les braves est le premier roman de Don Carpenter, un auteur américain dont la France découvre peu à peu le talent, vingt ans après sa mort.

Chaque oeuvre de Don Carpenter est unique, car l'ami de Richard Brautigan n'a jamais écrit deux fois sur le même sujet. Quel plaisir !

Comment en effet rapprocher Deux comédiens, son dernier roman, une comédie douce amère sur le milieu hollywoodien de la grand époque, avec Un dernier verre au bar sans nom, son chef-d'oeuvre, superbe récit sur le mystère de l'écriture ?

Quant à Sale temps pour les braves, tragédie consacrée à la trajectoire terrible de Jack Levitt, mal né, mal élevé, qui d'erreurs en facilités glissera tout au long de sa vie vers le bas, c'est le grand écart avec les romans précédents !

Attention : la lecture de ce récit dense, touffu, porté par la plume précise de Carpenter, est souvent éprouvante. Levitt est l'anti-héros par excellence et l'acmé de sa triste vie - un grand amour homosexuel alors qu'il purge une peine de prison - n'a pas de quoi faire rêver...

Mais la manière dont Carpenter suit ses personnages, pleine de sensibilité et d'acuité psychologique, permet d'aller au delà de l'aridité des thèmes et des problèmes de construction du récit (on sent littéralement les faiblesses d'un premier roman très - trop ? - ambitieux) qui pourront en agacer certains.

Sale temps pour les braves est plein d'imperfections.

Mais les qualités qu'il recèle mérite franchement qu'un auteur exigeant s'y attarde.