Que ma joie demeure

Jean Giono

Le livre de poche

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Le pitch

Sur le rude plateau provençal de Grémone, quelques hommes peinent tristement sur leurs terres, chacun de leur côté. Ils comprendront le message de joie et d'espérance que leur apporte le sage Bobi, vagabond au coeur généreux, et, malgré les difficultés de l'existence, la joie renaîtra sur le plateau.

Que ma joie demeure est un hymne à la vie, un chant merveilleux en l'honneur de la nature, des hommes et des animaux.

Mon avis

C'est en découvrant sur le tard Un de baumugnes, ce merveilleux tout petit roman que Jean Giono a écrit au début de sa carrière, en 1929, que m'a pris l'envie de revenir sur les traces du grand auteur provençal.

Avec ce récit, j'avais pu goûter à nouveau avec délice la saveur intense de cette langue inimitable, de ce style unique au monde, immédiatement reconnaissable et, depuis, jamais imité... car inimitable !

Chaque phrase de Giono est comme une nourriture puissante, complexe de multiples odeurs, saveurs, riche des fragrances, des sons et des couleurs qui composent le monde dans lequel vivent ses personnages.

Les impressions ressenties à la lecture de ses romans sont si intenses, puissantes, qu'elles doivent être dégustées à petites doses, lentement, très lentement, pour laisser à chaque phrase le temps de se décomposer et de saturer les sens du lecteur.

Romans naturalistes par excellence, les récits de Jean Giono célèbrent la nature et ses rapports avec l'homme. Union, adhésion, communion, parfois. Divorce et incompréhension, parfois encore.

Avec Que ma joie demeure, un titre comme on s'en doute inspiré à Giono par une cantate de Jean-Sébastien Bach, on reste sur le même registre que pour Un de Baumugnes.

Ecrit quelques années plus tard (en 1935), c'est un projet d'une tout autre ampleur.

400 pages d'un récit dense, dont la lecture vous mobilisera pendant de longues heures.

L'histoire toute simple, pourtant, d'un homme - Bobi - qui surgit sur les plateaux désolés de Provence et qui va, en quelques mois, quelques années, apprendre aux paysans du coin à vivre ensemble et surtout, apprendre à chercher l'essence de ce que devrait être une vie d'homme.

Bobi est une sorte de messie, surgit de nulle part et porteur de toute la sagesse que devrait apporter, dans l'idéal, la maturité.

Chaque chapitre est comme une étape dans l'apprentissage des paysans que croisent Bobi. A chaque occasion, l'homme explique, simplement, où regarder et comment réfléchir pour comprendre la vie.

Des leçons si simples qu'on peut s'étonner que personne ne les aient apprises plus tôt... mais chez Giono, on découvre vite que l'homme est tout sauf sage naturellement. C'est la nature, les plantes, les animaux, la terre, qui donnent accès à cette vérité.

Au fil du roman, des scènes d'une grande beauté pleine de sagesse se déroulent avec une lenteur rare, Giono prenant le temps de donner les détails, d'étirer et étirer encore les dialogues, comme pour démonter le mécanisme de cette vie sociale si particulière qu'est celle des paysans il y a un siècle.

La première partie du roman est admirable.

Elle culmine avec une scène de repas champêtre qui s'étire de manière magique sur 70 pages, une sorte de happening que l'on verrait bien faire l'objet d'un film de Bertrand Tavernier.

La seconde m'a paru un peu longue, car Giono parle (forcement) d'amour, et il affiche trop vite ses intensions, on devine un peu ce qui va se passer, et que cela ne va pas se passer forcement très bien.

Car la vraie vie, même rêvée comme une utopie par Giono, recèle malgré tous des tristesses, des drames.

Allez goûter la saveur de ce poème social en prose.

Vous en tirerez les moments, les idées et les enseignements qui vous seront propre car, comme dans tout roman d'une grande richesse, Que ma joie demeure nourrit chaque lecteur à la hauteur de ce qu'il a dans le cerveau et dans le cœur.

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