Le pitch

Après Shenzhen, Guy Delisle a poursuivi son travail nomade d'animateur à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.

Si on peut retrouver son regard personnel et circonspect sur un autre pays Asiatique, Pyongyang présente en outre l'intérêt de donner des informations sur la vie quotidienne d’un des pays les plus secrets et les plus tyranniques du monde.

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Mon avis

Cela m'a fait vraiment bizarre de lire, vingt ans après sa sortie, ce roman graphique de Guy Delisle, pour au moins deux raisons.

La première, c'est que c'est ce récit est un des premiers albums de l'auteur canadien - qui est, sans aucun doute, un des pionniers du mouvement du roman graphique - et que ma lecture vient bien tardivement, puisque cela fait des années que je fréquente son oeuvre (allez voir sur le site mes critiques de Chroniques birmanes, Chroniques de Jérusalem, ou S'enfuir, récit d'un otage.

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La seconde, c'est de découvrir que cet album, la chronique d'un séjour professionnel de deux mois passés en Corée du nord pour raisons professionnelles, pourrait avoir été écrit aujourd'hui (à quelques détails près) puisque, en deux décennies, strictement rien n'a changé dans ce pays hors du temps (c'est le cas de le dire).

Les détails que je viens d'évoquer sont en fait tout sauf des détails.

D'une part, ce n'est plus Kim Jung-Il qui est président du pays, mais son fils Kim Jung-Un. Ce qui en fait ne change strictement rien sur le plan pratique.

D'autre part, la Corée du nord a développé, testé et utilisé l'arme atomique. Et ça, c'est nettement plus inquiétant !

Sinon, allez-y en confiance : Pyongyang contient déjà toutes les qualités (et les défauts) des récits de Guy Delisle.

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L'homme est un formidable observateur des pays où il s'installe soit pour son travail (c'est un professionnel du cinéma d'animation), soit pour suivre sa femme qui travaille dans l'humanitaire.

En quelques chapitres, il croque son environnement avec autant d'humour que d'acuité.

Un entomologiste qui ne cherche jamais à être méchant, même s'il aurait souvent l'occasion de l'être : il se contente de souligner les contradictions, les absurdités, les ridicules.

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Avec la Corée du nord, il y a matière à sidération et stupéfaction. L'album de Guy Delisle est en même temps un excellent documentaire journalistique qui fait découvrir au lecteur tout un monde... hors du monde.

Côté graphiques, le style Delisle est déjà là, malheureusement !

Des planches crobardées à la va-vite, parfois à la limite de la lisibilité tant sa technique de dessin est basique.

Dommage, dommage aussi qu'il n'y ait - comme d'habitude - aucune mise en couleurs car, avec ce pays, il y avait vraiment de quoi montrer.

Mais, malgré ce déficit visuel, n'hésitez pas, car ce que raconte Delisle est passionnant.