Poulet aux prunes
L'association
Poulet aux prunes
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Le pitch
Si l'Iran et la famille de Marjane Satrapi sont de nouveau les principaux sujets de Poulet aux prunes, l'Auteur explore ici de nouvelles voies de narration qui en font probablement son meilleur livre.
Ou comment entrer dans le for intérieur de Nasser Ali Khan, qui a décidé de se laisser mourir car sa femme lui a cassé son tar, son instrument de musique inégalable…
Mon avis
Une fois le succès de la tout juste trentenaire Marjane Satrapi installé, un peu partout en occident à l'aube du XXI° siècle, grâce au formidable roman graphique Persépolis qui racontait sa jeunesse en Iran, il lui a fallu digérer gloire et renommée pour passer à la suite.
Obstacle que nombre d'auteurs exposés à la lumière violente du succès ne parviennent pas à franchir.
Mais ce ne fut pas le cas pour cette conteuse iranienne bourrée de talent puisqu'elle a immédiatement enchaîné sur ce Poulet aux prunes qui a remporté un véritable succès critique, avant de se tourner, pour l'essentiel, vers le cinéma.
Ce nouveau roman graphique réalisé d'une patte immédiatement reconnaissable - le style de Marjane Satrapi est superbe de simplicité austère, mais doté d'une identité très forte - est une sorte de fable orientale qui pourra, soit séduire, soit déranger le lecteur.
J'avoue que, autant j'avais adoré la manière subtile avec laquelle l'auteure avait raconté son histoire personnelle, en distanciant avec humour un contexte souvent tragique, autant je suis resté trois pas en arrière tout au long de la lecture de ce drame.
Un homme dans la force de l'âge, Nasser Ali Khan, voit son instrument de musique chéri brisé par sa femme lors d'une dispute de couple.
N'arrivant pas à le remplacer par son équivalent, il décide alors que sa vie ne vaut plus d'être vécu, et il se laisse mourir.
La mort l'emportera en sept jours, au grand désarroi de son entourage.
Peu à peu, le lecteur comprendra que la destruction de son tar n'est qu'un élément déclencheur, l'instrument étant la "deuxième jambe" d'une existence dont la première, l'amour pour une femme, avait déjà été brisée.
Pas de spoils dans mon commentaire, l'histoire est tout de suite très claire.
Grande maîtrise narrative, introduction de différents éléments métaphysiques (l'arrivée d'Azraël dans le récit est la partie la plus réussi de l'album), beauté formelle : tout ceci ne parvient pas à effacer l'aspect assez simpliste de la morale (pour autant qu'il y en ait une).
*
Mais c'est l'absence totale d'humour et le caractère profondément antipathique du personnage principal (décrit de manière complètement unidimensionnel) qui m'ont empêché de m'attacher un tant soit peu au récit.
J'en suis sorti assez déçu (contrairement à d'autres lecteurs de mon entourage, je tiens à la dire) car j'attendais, je l'avoue, beaucoup plus de la part de l'auteure de Persépolis.
Que cela ne vous empêche donc pas de tenter votre chance : Marjane Satrapi est une auteure qui le mérite !
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