Poulbots

Patrick Prugne

Editions Margot

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Le pitch

"Tu voulais être peintre comme tout le monde et tu es devenu dessinateur comme personne.

La rue t'appartient, Poulbot. Continue d'être le porte-parole de ces pauvres gosses."

Avec Poulbots, l'auteur change d' univers et met en scène le quotidien d'une bande de gamins sur fond de vieux Paris, avec ses personnages et ses lieux emblématiques dans le Montmartre de l'avant-guerre.

Mon avis

Il y a une demi-douzaine d'années, Patrick Prugne a décidé d'illustrer ses bandes dessinées à l'aquarelle et, depuis,une troupe de fidèles suit chacune de ses créations avec vénération.

Canoe bay, Frenchman, Pawnee, Iroquois récemment, autant d'albums qui constituent, en eux-mêmes, de véritables galeries de tableaux d'une beauté étourdissante.

Patrick Prugne est, à l'heure actuelle, le meilleur dans son domaine, il faut le dire !

Chacun des albums que je viens de citer se situent dans le même cadre, l'Amérique sauvage du XIX° siècle, l'époque où, en s'éloignant de la côte est civilisée et en se dirigeant, vers le grand ouest, l'homme avait plus de chance de tomber sur un élan ou un ours, voire un indien que sur un compatriote.

Le dessin follement élégant de l'auteur et ses couleurs, tout en subtilité, vont particulièrement bien à cette atmosphère, mélange de sérénité et de sauvagerie mêlées.

C'est donc avec curiosité que je me suis penché sur cet album, Poulbots, une sorte de parenthèse dans la carrière "américaine" de Prugne (il a d'ailleurs changé d'éditeur pour l'occasion).

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Poulbots

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Reprenant la même recette (le terme n'a rien de péjoratif), l'auteur déploie sur 50 planches (l'histoire est beaucoup plus courte que d'habitude) ses qualités de graphiste et de peintre dans un cadre très différent, le Paris du tout début du XX° siècle.

Poulbots, tout le monde sait que ce terme désignent les gamins des rues de la butte Montmartre.

Le nom vient du peintre Francisque Poulbot qui est devenu célèbre en croquant ces enfants.

Ce dernier point, je ne le savais pas, c'est Prugne qui l'explique à ses lecteurs dans le cahier de 25 pages qu'il consacre, comme dans chaque album, à la conception de son oeuvre, avec force croquis, crayonnés, aquarelles, toujours magnifiques.

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Poulbots

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L'histoire, c'est une petite musique gentille, nostalgique, sur cet endroit de Paris où, il y a tout juste un siècle, régnait encore la campagne, à l'abri (très provisoire) des promoteurs. On suit les mésaventures d'une bande de gamins des rues, filoches mais pas méchants pour un rond, confronté au monde des adultes.

C'est très mignon, parfois drôle dans l'esprit de La guerre des boutons, très gentil.

Je réutilise cet adjectif, car il manque très clairement un scénario un peu plus structuré pour convaincre vraiment.

De surcroît, dans ce cadre, les aquarelles de l'auteur n'ont pas la même puissance que lorsqu'elles dépeignent l'univers sauvage de l'ouest américain.

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Poulbots

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Attention : je ne dis pas que l'exercice est raté, loin de là ! C'est charmant, sans doute plus pour les enfants que les adultes.

Mais deux ou trois tons au dessous des autres œuvres de Patrick Prugne qui, elles, sont exceptionnelles. L'album est à l'image de l'illustration de couverture : juste un peu terne.

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