Petit déjeuner chez Tiffany
Folio
Petit déjeuner chez Tiffany
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Le pitch
Holly Golightly adore traîner chez Tiffany, parce que tout y est beau. Holly au pas léger, gracile comme un songe, comme une Audrey Hepburn moulée dans une robe noire devenue légendaire, traverse l'existence telle un chat qui, n'ayant pas de nom, s'en invente un.
De son passé de Lulamae, il lui reste pourtant quelque chose de plus profond que la frivolité qu'elle affiche avec impertinence, une absence de lest qui conduit à une existence de courants d'air.
Jusqu'au jour où, des années après la disparition de la gosse, une photo vient raviver le souvenir de sa voix rauque et de sa silhouette de vent dans la mémoire du narrateur, qui lui fournira un hommage littéraire en guise de racines.
Sur un ton tantôt léger et amusant, tantôt grinçant et poétique, maniant à plaisir l'ironie, le narrateur nous livre ses souvenirs de l'époque où l'amitié les liait et où gravitait autour de cet être libre et sauvage une myriade de personnages farfelus.
Mon avis
Le monde entier, ou presque, connait ce bref roman, grâce au film mythique de Blake Edwards, symbole de la légèreté new-yorkaise des 60's, et à Audrey Hepburn, qui incarne Holly Golightly avec une grâce absolument fascinante.
Mais si vous avez déjà visionné ce film, avez-vous lu le chef-d'oeuvre de Truman Capote ?
Si ce n'est pas le cas, je vous invite avec fermeté (c'est obligatoire !) à passer une ou deux heures en compagnie de la complexe Holly Golightly et du narrateur, son voisin fasciné par le personnage.
Deux êtres qui vont, le temps d'une parenthèse dans leur vie, se rapprocher comme on le fait dans les vrais récits d'amitié...
Vous découvrirez alors à quel point le film est proche du roman sur certains points, et très éloigné sur d'autres.
Mais, de toute manière, vous tomberez sous le charme de la plume d'un des plus grands écrivains américains du XX° siècle.
Au cours de sa carrière, Truman Capote n'a jamais mieux traduit sur le papier le brillant de son esprit acéré, la finesse de ses capacités d'observation (après la parution du roman, Capote fut mieux au ban d'une certaine société new-yorkaise dont il avait osé dépeindre les excès et les travers), et sa tendresse fondamentale (mais sans illusion) pour ses semblables.
Petit déjeuner chez Tiffany est bien - quoique disent certains - un roman, et non une nouvelle.
Le texte fait 120 pages et son développement est typique d'un roman, même si l'ouvrage qu'il contient comporte également trois nouvelles (excellentes elles-aussi).
En 120 pages, Capote nous invite à faire le tour de ce personnage étonnant qu'est cette belle jeune femme qui vient s'inviter dans l'existence de son voisin écrivain.
La vie de la belle est véritablement scandaleuse (le roman se passe pendant la seconde guerre mondiale) puisqu'elle s'autorise toutes les libertés que se donnaient alors, seulement les hommes et que certains encore, aujourd'hui, condamnent pour les femmes.
Holly est un personnage pétillant, spirituel, charmant, mais dont les fêlures nombreuses décrites avec subtilité par Capote donnent une tonalité douce-amère au récit, en très grande partie gommée dans son adaptation cinématographique.
Embarquez, amis lecteurs, sur le flot stylistique de Truman Capote, mélange de formules à l'emporte-pièce géniales et de dialogues pétillants (chaque page est un régal pour l'esprit).
Pour filer la métaphore liquide jusqu'au bout, je n'hésiterai pas à ajouter que c'est dans un bain pétillant de champagne que je vous invite à plonger.
Vous en sortirez un peu euphorique, mais avec une très légère gueule de bois; comme quand on abuse un peu du champagne...
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