Le pitch

Depuis quand une jeune fille a-t-elle besoin qu'on lui dicte sa conduite ? Si elle s'est laissé persuader trop jeune de rompre ses fiançailles, Anne Eliott n'est plus dupe. Et lorsque son ancien amant réapparaît, auréolé de gloire, l'heure n'est pas à l'indécision.

Pour Anne, il est temps de faire fi des convenances et de la vanité de son entourage !

Mon avis

Persuasion est le sixième et dernier roman de Jane Austen, publié après sa mort, survenue prématurément à l'âge de 41 ans.

Si Persuasion est resté, jusqu'à ce jour, le moins connu et - probablement - le moins estimé de la grande auteure britannique, c'est bien qu'il doit y avoir une raison.

En lisant tardivement - très tardivement ! - ce roman, je viens de découvrir pourquoi : bien que tout à fait estimable, Persuasion est effectivement la moins inspirée des créations du plus grand prodige de la littérature de son temps.

A près de 40 ans, Austen continue d'écrire, encouragée par le succès remporté par ses premiers romans.

Mais a-t-elle toujours autant de choses à dire, et avec autant d'enthousiasme et de fraîcheur spontanée ? C'est la question que je me suis posée en m'enfonçant peu à peu dans cette histoire d'amour un peu convenue si loin des grands élans d'Orgueil et préjugé.

Deux éléments me laissent à penser que non.

La première, c'est que, rien, dans ce récit, ne surprend jamais le lecteur.

Les thèmes - amour, conventions sociales - ont déjà été abordés, avec plus d'esprit, dans les romans précédents.

Quant au cadre de l'intrigue, on est bien en peine de trouver la moindre originalité dans la longue séquence se déroulant à Bath.

Rappelons que, tout au long de sa vie, Jane Austen ne vécut que dans fort peu d'endroits... dont Bath qui n'est, après tout, qu'une station balnéaire sans grand intérêt.

Le second - et le principal -, c'est que l'on ne retrouve que très rarement dans Persuasion, tout l'esprit et le style de Jane Austen.

Où est passé l'humour piquant, subtil, de ses premiers romans ? Sa manière acérée de "découper" son milieu social pour le caricaturer avec subtilité ?

Il y a, par exemple, dans Lady Susan, sa première œuvre, un très court roman, dix fois plus d'esprit que dans tout Persuasion !

Quant à la narration, il est difficile de ne pas voir qu'avec le temps, les fameux dialogues des premières œuvres se sont raréfiés au point que les 300 pages de Persuasion n'en comportent que fort peu.

L'esprit caustique, brillant, et son humour so british d'Austen ne se sont jamais mieux traduit que dans ses dialogues "à la volée" que l'on cherche ici, désespérément.

Mon conseil de fan absolu d'Austen ? S'il n'y avait qu'une œuvre à mettre de côté, à lire "plus tard", c'est bien celle-là. Car, franchement, je me suis parfois vraiment ennuyé.