Le pitch

Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout.

Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité.

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Mon avis

La mécanique des attelages scénariste/graphiste, dans la création BD, est impossible à décrypter à l'avance.

Parfois, vous prenez deux grandes pointures dans leur domaine respectif, et le résultat de leur association est complètement raté (le dernier exemple qui me vient à l'esprit est celui de Van Hamme et Hermann, pour Lune de guerre).

Parfois, au contraire, la réunion de deux professionnels excellents, aboutit à un petit miracle. C'est le cas d'Hubert et Zanzim pour Peau d'Homme.

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J'avais déjà eu le plaisir de découvrir l'écriture précise, presque classique, d'Hubert dans le charmant Monsieur désire (avec Virginie Augustin au pinceau), mais surtout la trilogie formidable des Ogres-dieux (avec Bertrand Gatignol).

Quant à Zanzim, j'avais apprécié son trait très particulier dans l'étonnant L'île aux femmes (dont il était également le scénariste).

Avec Peau d'Homme, Hubert développe un nouveau scénario inspiré de manière formelle par les contes moralistes du passé, une histoire que n'aurait sans doute pas renié - toute proportions gardées - le Voltaire de Candide.

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Le one shot de 160 planches, dans une édition soignée (couverture épaisse, papier de qualité) au format imposant, déroule une fable sur l'identité sexuelle pour le coup extrêmement moderne : une femme à peau d'homme croit aimer un homme qui aime les hommes mais qui va apprendre à l'aimer, tandis qu'il la laissera en aimer un autre (je sais, c'est obscur, mais c'est volontaire, je ne vais tout de même pas vous spoiler toute l'histoire, non ?!!).

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C'est malin, subtil et spirituel, souvent surprenant et jamais pesant ou moralisateur.

Et s'il y a une morale, c'est totalement open, en fait : faîtes ce qui vous fait plaisir, du moment que cela ne gêne pas la liberté des autres...

Mais cette souplesse dans le récit, n'aurait pas la même saveur et le même impact si elles n'apparaissaient pas sous la plume alerte de Zanzim.

Un dessin pas du tout réaliste, aux tonalités quasi enfantines, très ligne claire, presque à plat, où les personnages possèdent tous - à l'exception de la ravissante héroïne - les traits particuliers et très reconnaissables que leur prête l'illustrateur, comme dans ses autres albums, avec ces yeux blancs et ces nez fins, interminables.

Le choix des couleurs - du pastel, encore du pastel - et celui de ne pas tracer de contours aux vignettes, donne une lisibilité et une fraîcheur formidable aux planches de l'album, qu'il vous sera difficile de ne pas lire d'une traite, car - vous l'avez deviné - Peau d'Homme est un vrai Tourne Page, dont on sort positivement ravi.

Une des grandes réussites 2020, indubitablement, et un très beau cadeau à s'offrir... ou à offrir !

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