Paula Spencer
Robert Laffont / Pavillons poche
Paula Spencer
Robert Laffont / Pavillons poche
Le pitch
Depuis quatre mois et cinq jours, Paula livre une guerre enragée à l'alcool. Comme dans un thriller, elle déploie mille stratégies pour contrer la logique de l'assassin et cesser d'être une victime. Car pour elle, l'alcool, despote à la fois fascinant et repoussant, est un serial killer du bonheur, un destructeur de dignité qu'il lui faut impérativement supprimer.
D'un sujet difficile, Roddy Doyle tire un roman d'une exceptionnelle vitalité, sans une once de morbidité. Usant de cet humour incisif déjà à l'oeuvre dans La Trilogie de Barrytown, il crée avec Paula Spencer une amazone magnifique, symbole d'une Irlande surmontant doucement les traumatismes de son histoire pour reconquérir son identité.
Mon avis
Roddy Doyle, c'est l'auteur de la fameuse trilogie de Barrytown (The commitments, The snapper et The van), que je vous invite à lire toutes affaires cessantes, si ce n'est déjà fait : un sommet de la littérature irlandaise.
C'est aussi le créateur de Paddy Clarke Ha Ha Ha, lauréat du Booker Prize en 1993, un succès mondial.
Quand vous ouvrez un nouveau roman publié sous une telle signature, comme je l'ai fait récemment avec Paula Spencer, vous y allez en confiance (qu'est-ce que j'aime cet auteur, son humour et son humanité !), mais aussi avec un brin d'anxiété : et celui-là, va-t-il être à la hauteur des romans que l'on a adorés ?
Avec toute l’honnêteté que je vous dois, je suis bien obligé de répondre à cette question par la négative.
Non que ce roman ne soit pas un bon roman, loin de là ! Mais il se situe carrément deux crans au dessous des titres déjà cités.
On retrouve certes, dans ce récit de la vie de Paula Spencer, l'amour de Doyle pour les petites gens, ces laissés pour compte de la "grande" vie qui se débrouillent, tant bien que mal, pour survivre.
On tombe aussi, tout au long du roman, sur la marque de fabrique de l'auteur, cet humour caustique mais jamais méchant qui lui permet de rendre supportables les scènes les plus terribles.
Il y a enfin, son art du dialogue; car les textes de Roddy Doyle, sont composés de 50 à 70 % de dialogues qui fusent dans tous les sens.
Par contre, il manque à ce roman deux qualités essentielles qui faisaient le sel de ses précédents récits.
D'une part, cet équilibre entre le drôle et le pathétique.
Ici, beaucoup de pathétique, un peu trop sans doute.
Suivre le parcours d'une femme de ménage sans un sou, ancienne femme battue (sujet de son précédent roman La femme qui se cognait dans les portes) et alcoolique, pourquoi pas.
Mais le personnage de Paula Spencer n'a pas les couleurs de Jimmy Rabbitte, le personnage central de la trilogie de Barrytown, et ses enfants celles des membres de la famille de Jimmy.
D'autre part, le sens du rythme et de la synthèse : The commitments faisait 160 pages, un roman presque trop court que j'avais qualifié de "sec comme un coup de trique". Avec Paula Spencer, le lecteur trouve le temps long car, au long des 400 pages, impossible de ne pas noter les longueurs et les scènes redondantes.
Malgré ces limites, Paula Spencer est un bon roman, mais il me parait préférable de le lire avant les autres œuvres de Doyle, tant la comparaison risque de lui être défavorable.
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