Paris 2119
Rue de Sèvres
Paris 2119
Rue de Sèvres
Le pitch
Paris, nous sommes en 2119, l'ambiance est futuriste mais quelques éléments du XXIème siècle perdurent. Le métro existe encore mais la plupart des personnes préfèrent se téléporter via la cabine "Transcore". Tout un chacun est systématiquement scanné et reconnu dans les espaces publics et privés. Les clones, les drones et les hologrammes sont monnaie courante.
Tristan Keys vit dans ce monde dont il rejette le plus possible la numérisation. Tel un marginal, il continue à prendre le métro, à marcher dans les rues, à l'inverse, sa compagne Kloé est une adepte des déplacements inter-continents via le Transcore. Au cours de ses déplacements à pieds, il constate assez vite des comportements préoccupants, des situations anormales. Que se passe-t-il vraiment dans ce Transcore ? Est-ce une simple téléportation pour ses utilisateurs ?
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Mon avis
Lorsque Zep s'attache à développer de nouvelles techniques, de nouveaux univers, c'est toujours passionnant.
Après avoir créé, depuis quelques années, plusieurs one shot pour adultes - scénario et dessin - à l'ambiance et aux graphismes bien loin de ses albums pour enfants (Titeuf) ou d'humour pour adultes (What a wonderful world), le voilà qui se lance dans un partenariat avec Dominique Bertail, chargé des graphismes et des couleurs.
Zep pur scénariste ? Pourquoi pas, car il s'agit sans doute de la meilleure manière de s'affranchir du travail le plus long, et de loin (le graphiste a facilement de 5 à 10 fois plus de temps de travail qu'un scénariste sur une BD).
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Zep au stylo... mais tout de même également au crayon préparatoire, puisqu'il est également crédité du storyboard.
2119, vous l'avez deviné car vous êtes particulièrement sagace, est un récit de SF (si, si, je vous jure !).
Dès la première page, le lecteur est plongé dans une atmosphère particulièrement réussie de "si loin, si proche".
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Si proche, car on est à Paris, mais si loin, parce que la capitale, dans un siècle, n'a plus grand chose à voir avec celle de nos jours.
Il n'y a plus grand monde dans les rues, ni dans les transports en commun, puisque tout le monde se déplace grâce à un portail transpondeur instantané. Mais il y a de drôle de choses qui se passent...
Passons rapidement sur le scénario, assez simple et unidimensionnel.
Dans le plus pur classicisme de la SF des golden years d'après-guerre, l'histoire imaginée par Zep n'est pas désagréable; elle possède même en (gros) filigrane une critique des évolutions de notre société plutôt pertinente, que l'on trouvait déjà dans ses précédents albums.
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Par contre, son manque de densité narrative (peu de texte dans de grandes vignettes privilégiant le visuel) est frustrant, car l'album se lit très vite, trop vite.
Reste - surtout - à parler du dessin et des couleurs de Dominique Bertail, dont j'avais déjà repéré le talent il y a quelques temps dans le zarbi Mondo Reverso.
Franchement, certaines planches m'ont bluffées.
Le travail sur le modelé des graphismes, dans une atmosphère glacée par un choix des textures et des couleurs oscillant entre le très sombre et le très lumineux, est tout bonnement formidable.
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Le Paris du XXII° siècle, sous la plume de Dominique Bertail, fait parfois penser au Bilal de la grande époque, tout autant qu'au meilleur de Schuiten, ce qui de ma part n'est pas un mince compliment !
Allez voir, rien que pour que pour la trentaine de planches où l'auteur se fait vraiment plaisir, cela mérite l'achat !
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