Pacific Palace

Le Spirou de Christian Durieux

Christian Durieux

Dupuis

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Le pitch

Pacific Palace, un hôtel paisible au bord d'un lac qui l'est tout autant. Spirou regrette déjà d'y avoir fait engager à ses côtés Fantasio, viré comme un malpropre du Moustique. Car l'ex-journaliste reconverti en groom n'a vraiment pas la vocation et ne rate pas une occasion de fâcher M. Paul, leur supérieur hiérarchique.

Mais trop tard pour faire machine arrière : un véritable huis clos est décrété et l'hôtel se retrouve sans clientèle et avec un personnel réduit pour accueillir discrètement Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan, petit pays des Balkans. Dans ses bagages, d'imposants gardes du corps mais aussi Elena, fille du "Grand Guide" au regard envoûtant, dont Spirou tombe instantanément amoureux.

Alors que Fantasio ne rate pas une occasion de provoquer l'entourage du tyran, Spirou essaie de comprendre l'étrange ballet politicien qui se joue presque sous ses yeux.

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Pacific palace

Mon avis

La couverture d'un album fait souvent beaucoup pour son succès auprès des lecteurs potentiels. C'est ce qui s'est passé avec Pacific Palace, le one shot de Christian Durieux.

Regardez bien : ce bleu chaud et mystérieux, cette ambiance à la fois sereine et mystérieuse : on sent qu'il a une histoire intrigante, étonnante, derrière cette couverture; un monde...

Sachez que la promesse de la couverture est tenue, largement : l'atmosphère très particulière qui se dégage de ces 80 planches est captivante, aussi puissante que dans un des films de Denis Villeuve (Premier contact, Blade Runner 2049 ou Dune).

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Pacific Palissade

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Les planches privilégient les grandes vignettes, dans des tonalités mineures, ocre, bleu ou gris.

Dans un décor unique, un hôtel qui se trouve quelque part, on ne sait pas où précisément, va se dérouler une tragi comédie dont les principaux protagonistes sont, d'une part un dictateur déchu d'Europe de l'Est, en fuite pour échapper à la colère de son peuple et, d'autre part... Spirou et Fantasio.

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Pacific Palissade

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Car Pacific Palace est une nouvelle variation de la collection Le Spirou de.

Depuis une douzaine d'années, les éditions Dupuis confient à un auteur connu les commandes du célèbre personnage pour, le temps d'un album, le réinventer. Le résultat va du formidable au franchement raté (je vous invite à aller droit vers le plus réussi de la collection, Le journal d'un ingénu d'Emile Bravo).

Graphismes réussis (à l'exception du visage de Fantasio, vraiment hideux), ambiance et couleurs étonnantes, donc, voilà les aspects les plus réussis de l'entreprise de Christian Durieux, auteur que je découvre à cette occasion.

Et rien que pour cela, n'hésitez pas une seconde à plonger dans le bleu de Pacific Palace.

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Pacific Palissade

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Le scénario, quant à lui, est d'une (trop) grande linéarité, avec un petit twist final assez sympa.

Les temps forts : une petite touche politique, et une révélation : Spirou est amoureux et embrasse une (jolie) fille aux yeux verts (malheureusement, il s'agit de la fille du dictateur) !

Par contre, impossible de refermer l'album sans se poser une grave question : mais que viennent faire Spirou et Fantasio dans cette histoire ?!!

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Couverture alternative (tirage de luxe)

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Rien ne permet de rattacher les deux personnages au scénario, excepté l'évidence : Spirou est à la base un groom, et l'histoire se passe dans un hôtel.

Et là, c'est vraiment un peu léger et frustrant : Christian Durieux aurait pu prendre n'importe quel autre personnage inventé pour l'occasion, le résultat eut été le même.

Vous l'avez compris : j'ai trouvé le projet graphique réussi,  mais le fond manque vraiment de consistance et de légitimité. Petite frustration, dommage...

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