On achève bien les chevaux
Folio policier
On achève bien les chevaux
Folio policier
Le pitch
Hollywood avant la Seconde Guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Comme elle, il est figurant au cinéma. Mais loin d'avoir réalisé leurs rêves, ils n'ont eu qu'un long parcours chaotique semé d'échecs.
Désœuvrés et sans argent, ils décident de s'inscrire à un marathon de danse dans l'espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu'à tournoyer des semaines entières au rythme de l'orchestre.
Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, On achève bien les chevaux est le premier roman noir d'Horace McCoy. Ce texte intemporel, qui n'a rien perdu de sa force évocatrice, est une violente dénonciation du rêve américain.
Mon avis
On achève bien les chevaux est un film mythique des années 60, aujourd'hui rarement visionné, mais avant tout un superbe roman noir, presque complètement oublié.
C'est - entre autres - une des vocations principales du Tourne Page : réhabiliter les œuvres majeures qui, au fil des années, des décennies, sortent de l'actualité, souffrent en silence, abandonnées,sur les étagères des bibliothèques et, pour certains, finissent par mourir.
Mourir, pour un livre, c'est tout simplement être épuisé, ne plus être référencé par les libraires...
Heureusement, On achève les chevaux n'a pas disparu, ne serait-ce que par ce cette locution est passée dans le langage courant, mais le roman - pour filer la métaphore jusqu'à son terme - n'est pas loin d'être en train de sombrer dans le coma. Alors, hardi petit ! Réveillons la bête !
Le roman est court, dense, aussi noir et amer que le café le plus concentré d'un spécialiste italien. Peu de mots, essentiellement des dialogues.
Le narrateur, c'est Robert Syberten. Il va vous raconter (c'est comme cela que son récit débute) par quel enchaînement de circonstances il a été amené à tuer Gloria; pour lui rendre service.
Dans un récit parfois entrecoupé par les pensées du narrateur, ce dernier expose, dans toute son horreur, les conséquences extrêmes de la grande dépression américaine consécutive à la crise de 29. Des gens qui meurent de faim et qui sont prêt à tout - littéralement à tout - pour s'en sortir.
La dramaturgie est terrifiante, parfaite. Ce marathon de danse, avec, en tête de chaque chapitre, le nombre d'heures écoulées depuis le début du concours et le nombre de couples encore en course. On sait que cela va mal se terminer mais on suit, fasciné.
Par le style, on pense à un précurseur de Jim Thomson. Par le thème, il est impossible de ne pas évoquer Les raisins de la colère, de Steinbeck.
Le roman se lit comme un thriller, le lecteur voit les images défiler devant ses yeux. C'est d'une noirceur magnifique. Ne ratez pas ça : c'est l'occasion de redonner vie à un livre splendide.
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