Nos premiers jours
Rivages
Nos premiers jours
Rivages
Le pitch
Walter et Rosanna Langdon caressent un rêve : posséder une ferme à eux, un giron protecteur où fonder une famille. C'est sur les terres sublimes de l'Iowa que se bâtit la légende des Langdon et de leurs enfants, qui vont connaître, de près ou de loin, les bouleversements de la première moitié du XXe siècle.
Cette traversée commence en 1920, à l'aube de la Dépression, et s'achève en 1953. Le temps pour une génération d'éclore ; pour une autre de voir le monde changer.
Dans cette puissante saga familiale, Jane Smiley épouse le rythme de la vie-même, les caprices du temps, du hasard, de l'Histoire.
Mon avis
Attention : derrière la jolie couverture toute en douceur de cet épais roman au titre un peu fade, se cache une entreprise tout à fait originale !
Jane Smiley (quel patronyme superbe !), prix Pulitzer 1992, s'est lancé en 2014 dans un pari a priori difficile à tenir : raconter le dernier siècle américain au travers de la vie d'une famille.
Nos premiers jours est donc le premier tome d'une trilogie aujourd'hui (promptement) achevée.
Plus de 600 pages denses par tome, près de 2 000 pages au total, et le pari fou d'une narration au ton aussi neutre que possible où l'auteure, comme une historienne, déroule la vie de ses nombreux personnages avec une précision d'entomologiste.
Chaque chapitre porte un titre, l'année au cours de laquelle se déroule le récit.
Cela commence en 1920, et s'achève en 1953.
Les Langdon sont des immigrés allemands, installés dans le deep Iowa, en plein Midwest.
Famille d'agriculteurs. Travail de la terre.
Dur, très dur, surtout quand la grande dépression frappe le pays et que la poussière et la sécheresse recouvre tout.
Pourtant, Walter et Rosanna vont avoir de nombreux enfants.
Qui vont évoluer, certains sur place, d'autres en entamant des études et en s'affranchissant de la vie d'agriculteur pour devenir, certains des cols blancs, d'autres des intellectuels.
Arriveront ensuite les pièces rapportées, les petits enfants, et la vieillesse pour Walter et Rosanna.
Et chaque personnage affrontera à son tour les changements du monde qui percutent leur quotidien : la crise, les changements profonds de l’agriculture, la seconde guerre mondiale, le communisme, le maccarthysme...
Rien de bien excitant, allez-vous me dire. Et pourtant...
Il est fort possible que vous ne soignez pas sensible au parti pris de Jane Smiley et sa manière unique d'éviter systématiquement tous les artifices classiques d'une narration romanesque.
Pas de coup de théâtre, de drames sanglants, de grands happenings mis en scène : non, l'auteure raconte simplement tous les événements d'une vie aussi réelle que la vôtre.
Si les deux premiers chapitres ne vous conviennent pas, laissez tomber.
Mais si, comme moi, vous êtes saisi dès le début par cette manière d'aller au plus près du réel, de suivre les actes et les pensées d'un bébé, alors poussez plus loin : vous ne lâcherez plus le volume pendant 600 pages.
Gorgé d'humanisme et d'empathie discrète pour ses personnages, le roman de Jane Smiley m'a fait sentir, mieux que beaucoup d'autres, le poids du temps qui passe dans la vie de "tout le monde" et l'impact du monde qui change.
Un vrai coup de cœur.
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