Nellie Bly
Glénat
Nellie Bly
Glénat
Le pitch
Nellie Bly est complètement folle. Sans cesse, elle répète vouloir retrouver ses « troncs ». Personne n’arrive à saisir le sens de ses propos, car en réalité, tout cela n’est qu’une vaste supercherie. Nellie cherche à se faire interner dans l’asile psychiatrique de Blackwell à New York dans le but d’y enquêter sur les conditions de vie de ses résidentes. Y parvenant avec une facilité déconcertante, elle découvre un univers glacial, sadique et misogyne, où ne pas parfaitement remplir le rôle assigné aux femmes leur suffit à être désignées comme aliénées.
L’histoire vraie de la pionnière du journalisme d’investigation et du reportage clandestin. Un récit poignant porté par le mépris de l’injustice et des persécutions, enrobé d'un graphisme élégant.
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La "vraie" Nellie Bly
Mon avis
Nellie Bly, cela vous dit quelque chose ? Pour ma part, avant de lire, il y a quelques années, son essai Le tour du monde en 72 jours (dont je parle sur le site), je ne connaissais pas.
Pourtant, Nellie Bly est bien une des figures du féminisme les plus importantes de la fin du XIX° et début du XX° siècle.
Tout simplement celle qui a inventé le métier de journaliste/reporter d'investigation pour les femmes !
Ce petit bout de femme était un concentré de volonté et de culot, deux ingrédients qui lui ont permis de mener des enquêtes qu'aucun homme n'aurait osé tenter avant elle.
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Exemples ? Réaliser un tour du monde en un temps record, plus rapide que Phileas Fogg de Jules Verne (voir plus haut) ; ou se faire passer pour une folle pour infiltrer un asile psychiatrique de la région de New-York et en décrire les graves disfonctionnements.
C'est cet épisode de sa vie, alors qu'elle n'était alors qu'une journaliste quasi débutante âgée de seulement 23 ans, que raconte la biographie graphique de Virginie Ollagnier et Carole Maurel.
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160 planches où Virginie Ollagnier alterne, dans un va-et-vient permanent entre le passé et le présent, le récit de la jeunesse de Nellie Bly, et celui de son enquête embedded dans un asile pour femmes "dérangées" .
Ce parti pris de narration n'est pas très original, mais il a l'avantage d'être très efficace, en imprimant un rythme élevé à un récit qui, a priori, n'en a pas.
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La vie de Nellie Bly est, en soi, déjà passionnante; en y superposant l'histoire de ces lieux d'enfermement où les autorités et les familles se débarrassaient de toutes les femmes (saines d'esprit la plupart du temps !) dont la présence les gênait, l'auteure parvient à atteindre la qualité de narration des bonnes séries anglo-saxonnes.
Ce tempo (un vrai petit Tourne Page) tient la route grâce aux illustrations de Carole Maurel que j'avais découvert en 2016, grâce à un roman graphique (déjà) qui ne manquait pas d'originalité, Luisa ici et là.
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Des graphismes élégants, aux style que je qualifierai de classique mais facilement reconnaissable, avec des vignettes de grande taille baignées de couleurs chaudes qui conviennent parfaitement à l'époque et au sujet.
L'enquête de Nellie Bly provoqua un véritable scandale, et entraina d'importantes modifications dans la gestion des asiles de New-York.
C'est ce qu'on appelle un travail de professionnelle qui, un siècle plus tard, mérite d'être (re)découvert et admiré !
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