Le mystère de la chambre jaune

Gaston Leroux

Le livre de poche

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Le pitch

Alors qu'elle s'était enfermée à double tour dans sa chambre, Mathilde, la fille du célèbre professeur Stangerson, est victime d'une terrible agression. Et pourtant, la pièce était barricadée comme un vrai coffre-fort ! Par où l'assassin a-t-il pu s'enfuir ?

Frédéric Larsan et le jeune Joseph Rouletabille, journaliste et détective en herbe, mènent l'enquête...

Mon avis

Le mystère de la chambre jaune... rien que le titre - fabuleux - vaut l'achat de ce grand classique, si vous ne l'avez pas encore lu !

En 1908, le journal L'illustration - un des plus gros tirages de la presse mondiale - publie le premier roman de Gaston Leroux, en épisodes, avec le reporter Rouletabille en héros.

Le récit sort, juste quelques mois après que le journal ait accueilli les premières nouvelles de Maurice Leblanc, mettant en scène Arsène Lupin !

C'est dire à quel point les deux destins des gloires nationales du roman policier français sont liés.

Deux gigantesque succès, deux héros intrépides, chacun d'un côté opposé de la force, comme dirait quelqu'un que je connais...

Mais aujourd'hui, force est de constater que, si les deux auteurs et héros représentent, par le ton, le type d'aventure, la tournure d'esprit, la France du début du XX° siècle, Rouletabille et Leroux sont deux crans en dessous en terme de notoriété séculaire.

Est-ce justifié ?

En terme de capacité à nouer des intrigues "diaboliques", les deux auteurs sont au même niveau : tout en haut.

Le mystère de la chambre jaune est un des premiers récits de chambre close, genre qui fera fureur au fil des décennies à venir.

L'histoire est intellectuellement construite avec beaucoup de rigueur... même si, une fois terminé, le lecteur imprudent met tout à plat... et découvre alors que cette intrigue est totalement, mais alors totalement invraisemblable !

Cela  n'est jamais le cas avec Maurice Leblanc dont les intrigues, si elles s'appuient parfois sur des présupposés historiques improbables, ne partent jamais en vrille comme celle de Gaston Leroux.

Mais Leroux est fort : il prend le lecteur par la main et l'emmène à une telle vitesse que ce dernier finit par gober tout, et n'importe quoi !

En terme terme de technique de narration, les deux hommes sont aussi même niveau.

Leur capacité à faire tourner  une histoire à toute allure, mêlant scènes d'action, dialogues vifs, switchs et surprise finale est équivalente : ce sont tous les deux des rois du Tourne Page. Étourdissant.

Par contre, impossible de mettre les deux auteurs sur le même plan pour la construction des personnages.

Rouletabille restera certes pendant un demi-siècle le prototype du reporter enquêteur jeune, vif, intrépide, malin comme un singe.

*

Rouletabille

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Mais le personnage est jeune, lisse, un peu fade, il manque singulièrement d'épaisseur et de complexité, et ne peut être hissé au niveau de celui qui restera à jamais comme le gentleman cambrioleur, bourré de séduction, mais aussi d'ambiguïtés.

De même, le style de Maurice Leblanc est bien supérieur à celui de Gaston Leroux qui parait aujourd'hui un peu suranné, avec notamment un emploi systématique du passé simple vraiment lourdingue à la première personne du pluriel.

Dans les dernières lignes du roman, Gaston Leroux annonce implicitement la suite de l'histoire, avec Le parfum de la dame en noir, qu'il convient de lire en enchaînant direct les deux récits.

Vous aimez les récits mystérieux d'aventure, sombre, presque gothique, qui vont vous torturer la comprenette ?

Alors foncez, malgré mes quelques réticences, et avalez les deux enquêtes coup sur coup : vous ne le regretterez pas.

Attention : Tourne Page pour les vacances !

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