Mr Skeffington
Les belles lettres
Mr Skeffington
Les belles lettres
Le pitch
Un élément nouveau inquiète lady Skeffington : elle ne parvient pas à chasser de son esprit le souvenir soudain récurrent de son mari dont elle a pourtant divorcé depuis fort longtemps. C’est une situation sans issue que de tenter de faire disparaître quelqu’un qui n’est pas là, soupire-t-elle. Ni ses anciens amants, sur qui elle cherchera à exercer une ultime séduction, ni même une vieille dame, dont elle sollicitera en vain l’amitié, ne l’aideront à détruire le diagnostic infamant de son psychiatre : sa jeunesse et sa beauté se sont enfuies.
Délicatesse de ton, nuances ironiques et humour acerbe, Elizabeth von Arnim, en dépit de son nom allemand, est typiquement anglaise
Mon avis
Mr Skeffington est le dernier roman publié par Elizabeth von Arnim, en 1940, alors qu'elle a 74 ans.
Une fois que l'on sait cela, on comprend mieux le thème et les développements de ce récit dramatique, doux amer (mais plus amer que doux !).
Mr Skeffington, c'est tout simplement l'histoire d'une femme fortunée renommée pour sa beauté exceptionnelle qui fête ses 50 ans et découvre subitement dans le regard des autres qu'elle est vieille (attention : pour une femme, en 1940, avoir 50 ans, c'est comme dépasser largement la soixantaine aujourd'hui).
En quelques heures, quelques jours, il va falloir qu'elle intègre ce fait intellectuellement, et qu'elle modifie intégralement le déroulé de sa vie pour se mettre en accord avec cette dure réalité.
Sur de nombreux points (au point que c'en est troublant), ce très délicat récit entre résonnance avec le seul roman de Tennessee Williams, Le printemps romain de Mrs Stone, publié dix ans plus tard, qui raconte l'histoire d'une femme très belle et très fortunée qui découvre soudain... qu'elle n'est plus jeune.
Mais les deux grands auteurs ont choisi une voie radicalement différente de conclure le chemin parcouru par leurs héroïnes pour aborder la dernière partie de leur vie.
Car si chez Tennessee Williams, il faut boire le calice jusqu'à la lie, chez Elizabeth von Arnim, la voie de la rédemption est possible (je n'en dirais pas plus).
J'avais découvert l'auteure britannique (très peu connue en France) par son délicieux roman Avril enchanté, qui se déroulait en Italie, une sorte de feel good book avant l'heure, plein de finesse mais aussi d'humour.
Avec Mr Skeffington, pas la moindre trace d'humour : c'est un vrai drame.
On y retrouve la finesse stylistique de l'auteure et sa grande subtilité d'analyse psychologique des femmes.
Le roman, bien qu'un brin daté dans son contexte (la vieillesse d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier), est délicieusement amer sur sa première moitié et, sans doute, un peu trop long et redondant sur la seconde même si la chute de l'histoire, inattendue, est très réussie.
A lire pour tous les amateurs de littérature britannique.
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