Motorcity
Dargaud
Motorcity
Dargaud
Le pitch
Fraîchement diplômée de l'école de police de Stockholm, Lisa Forsberg revient dans son village natal, où elle intègre le commissariat local. Mais, adolescente turbulente, elle n'a pas gardé que des amis ici et, dès sa première enquête sur une disparition, elle est confrontée à toutes les rancœurs et les vieilles connaissances de sa jeunesse.
L'enquête navigue dans l'univers du « raggare », une culture fan de rock'n'roll, de bastons, de tatouages et de vieilles voitures américaines. C'est dans ce milieu, qu'elle semble bien connaître, que Lisa va devoir découvrir où se trouve Anton Wiger, lui qui n'aurait raté le rassemblement annuel du Motorcity pour rien au monde.
Mon avis
Si vous aimez les BD pour adultes, les polars scandinaves et les graphismes léchés, Motorcity est pour vous.
Sur un scénario de Sylvain Runberg qui flirte avec les standards des grandes enquêtes criminelles du nord de l'Europe, le lecteur est vite embarqué dans une atmosphère dépaysante.
Vous connaissez le mouvement raggare, vous ? Eh bien, moi non plus !
Le mouvement raggare, explique Sylvain Runberg dans une introduction bienvenue, est une culture alternative influencée par les 50's américains : rock, grosses bagnoles et défonce en tout genre.
Bizarrement, ce mouvement a traversé intact le dernier demi-siècle et subsiste dans les pays du nord.
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Un cadre original, mais une enquête très classique, se dit-on dès les premières planches, avec une solution un peu trop évidente.
Sauf que...
Runberg parvient, avec un virage à 90° au deux tiers de l'intrigue, à nous surprendre un peu, avec une histoire qui tourne au glauque et que - pour notre plus grand plaisir ! - la fin n'est pas aussi happy end qu'on l'anticipait.
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Etrange, cependant, car cet aspect un peu zarbi de l'histoire détonne avec l'atmosphère très, très clean créée par les graphismes de Philippe Berthet.*
Comme je l'ai déjà expliqué par ailleurs (voir ma critique de Le crime qui est le tien), Berthet dessine - superbement - toujours de la même manière : de la ligne claire de la plus belle eau, très à plat, avec des couleurs claires et franches.
Des personnages magnifiques : les femmes sont sculpturales, à tomber (des pin ups !), les hommes sont superbes, visages carrés, traits nets, dessinés.
Il y a un petit quelque chose de Jean Graton (Michel Vaillant) dans cette manière de reproduire un peu toujours du m^me mouvement de plume ces mâchoires viriles (pour les hommes) et ces yeux de biche (pour les femmes).
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C'est visuellement satisfaisant, mais en même temps très perturbant pour le lecteur.
Nom d'un chien, tout le monde ne ressemble pas à Bard Pitt et Grace Kelly !
Indubitablement, de la même manière que dans l'album évoqué plus haut, cela nuit à la crédibilité de l'histoire.
Étrange, un dessinateur qui applique exactement les mêmes recettes, le même style et la même mise en couleur, quelle que soit l'histoire, non ?
Vraiment dommage car, à cause de ce décalage entre l'atmosphère visuelle et narrative, cet album, agréable et assez prenant malgré tout, ne parvient jamais vraiment à communiquer d'agréables frissons au lecteur.
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