Le pitch

Au château, il y a le père, vieux lion du cinéma français et gloire nationale. Il y a la jeune épouse, ancienne Miss Provence-Alpes-Côte d’Azur, entièrement dévouée à sa famille et à la paix dans le monde. Il y a les jumeaux, la demi-sœur. Quant à l’argent, il a été prudemment mis à l’abri sur des comptes offshore.

Au château, il y a aussi l’intendante, la nurse, le coach, la cuisinière, le jardinier, le chauffeur. Méfions-nous d’eux. Surtout si l’arrêt mondial du trafic aérien nous tient dangereusement éloignés de nos comptes offshore.

Mon avis

Après avoir lu rapidement - trop rapidement ! - Monument national, dernier roman de Julia Deck (auteure que je ne connaissais pas jusqu'alors), j'ai reposé le volume avec un gros soupir.

Tout ça pour ça ?! 180 pages d'une prose aussi précieuse que maladroite (le livre comporte autant de vocables désuets, déployés avec ostentation, que de fautes de syntaxe) pour raconter le destin de quelques membres de la haute s'accoquinant avec quelques représentants des banlieues ?

L'ensemble eut pu être drôle, acéré, sanglant même, si Julia Deck avait poussé le bouchon de sa satire beaucoup plus loin.

Mais pas une seule fois elle ne quitte les sentiers confortables de la morale un peu facile pour pousser vraiment la carricature, pour faire saigner plus qu'égratigner.

Dès les premiers chapitres, on sait que deux mondes vont s'entrecroiser, s'entrechoquer, que Narcisse et son entourage vont payer cher la rançon de sa gloire agonisante.

L'erreur fatale de l'auteure : avoir voulu trop approcher sa fable de la réalité.

Parler de la pandémie ? Pourquoi pas, après tout beaucoup (trop) d'auteurs en ont fait autant.

Mais créer un clone d'Alain Delon tout en expliquant bien au lecteur qu'il s'agit d'un clone d'Alain Delon, c'est vraiment lourd.

Quant à tremper les époux Macron dans ce jus romanesque tiède, c'est carrément maladroit et inconvenant. On est dans la parabole, ou dans la téléréalité ?

J'imagine fort bien ce qu'auraient fait quelques grands auteurs d'outre-Manche du postulat de départ : une farce hilarante et saugrenue.

Malheureusement, même si l'ensemble se laisse lire sans dommages (mais sans jamais la moindre surprise), le résultat, ici, n'est qu'un bouillon de onze heures où l'on aurait oublié de glisser le poison...