Minuit à Atlanta

Thomas Mullen

Rivages/Noir

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Le pitch

Atlanta, 1956. L’ex-agent de police nègre Tommy Smith a démissionné pour rejoindre le principal journal noir d’Atlanta en tant que reporter. Mais alors que le Atlanta Daily Times couvrait le boycott organisé par Rosa Parks à Montgomery, son directeur est retrouvé mort dans son bureau, et sa femme injustement accusée d’assassinat par la police.

Qui pourrait en avoir après le principal patron de presse noir d’Atlanta ? Et qui était-il vraiment ? FBI, flics racistes, agents Pinkerton, citoyens opposés à la déségrégation : beaucoup de monde, en vérité, semble s’intéresser à cette affaire d’un peu trop près.

Après le succès de Darktown et Temps noirs, voici le troisième opus d’une saga criminelle qui explore les tensions raciales au début du mouvement des droits civiques.

Mon avis

En 2016, Thomas Cullen avait créé un petit évènement dans le microcosme du roman policier haut de gamme en publiant Darktown.

La raison ? L'utilisation d'une toile de fond historique quasiment méconnue jusqu'alors, l'introduction en 1948 d'une brigade de policiers noirs dans les forces municipales d'Atlanta, cette terre traditionnelle d'un racisme ordinaire qui ne veut pas disparaitre malgré les très lentes avancées de leurs droits civiques.

Darktown était une réussite remarquable (voir ma critique ailleurs sur le site), tant Thomas Cullen était parvenu à inscrire la lutte de cette dizaine d'hommes courageux dans une trame polar de qualité.

La description de la lutte au quotidien des deux personnages principaux, Boggs et Smith, pour exercer leur métier et préserver leur intégrité physique était fascinante.

Deux ans plus tard, avec Temps noirs, l'auteur reprenait le cadre et les personnages de ce roman pour un second récit tout aussi réussi et tout aussi bien accueilli par la critique et les lecteurs.

Avec Minuit à Atlanta, voilà le troisième (et dernier) volet de cette trilogie d'Atlanta.

Coup de bol pour les amateurs de polars historiques intelligents et documentés : c'est une réussite absolue et - sans doute - le meilleur de la série !

L'histoire se déroule en 1956, huit ans après le premier roman. Et si Mullen reprend une nouvelle fois ses personnages principaux, il a l'intelligence de déplacer le centre de gravité de l'histoire du milieu policier  vers le milieu journalistique.

Smith a quitté la police et il est devenu journaliste. Mais, être journaliste à Atlanta dans les années 50, quand on est noir, ce n'est pas plus facile - voire moins ! - que d'être flic.

Thomas Mullen développe largement le thème du rôle du journalisme noir dans ces années terribles où le pasteur Martin Luther Ling Jr lutte contre la discrimination, entrainant une partie de la population dans le début d'une révolte active qui ne va pas arrêter de s'amplifier (le roman se situe pendant la fameuse affaire Rosa Parks).

L'autre bonne idée de l'auteur, c'est de développer énormément le rôle de Joe McInnis, le lieutenant blanc  à la tête de la brigade de police constituée uniquement d'hommes noirs.

McInnis est un personnage fascinant, tant Thomas Mullen décrit avec subtilité ses doutes sur les questions raciales et son lent basculement vers une position progressiste.

La troisième force du roman, c'est tout simplement sa colonne vertébrale : un scénario hyper costaud, avec de multiples boucles, qui traine le lecteur jusqu'au bout de la nuit pour, enfin, tout comprendre.

Il n'y aura pas de quatrième roman policier à Atlanta. Mais j'ai confiance : avec Thomas Mullen, qui va tout juste atteindre la cinquantaine, on tient sans le moindre doute un grand auteur pour les années à venir...

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