Le pitch

Il a tout oublié. D’où il vient, qui il est, pourquoi il erre, seul. Tout… jusqu’à son nom.

Sur le chemin de l’institut qui est censé le recueillir, il passe devant un cabaret et y entre instinctivement, comme guidé par la musique. Le voilà participant malgré lui à une audition. Il s’invente un prénom, « Loup ».

Et là, comme par miracle, ses mains se souviennent, et la guitare entre ses doigts révèle un musicien magique. Embauché pour rejoindre le groupe de la jolie miss Ti, il connaîtra les concerts, l’amitié, l’amour, la célébrité, mais retrouvera-t-il la mémoire ?

Mon avis

Renaud Dilliès, c'est le merveilleux graphiste auteur des deux diptyques Abélard et Alvin.

Pour ces petits chefs-d'oeuvre de poésie, contes pour adultes d'une grande tristesse, il s'était associé à Régis Hautière qui avait su mettre en place une ambiance étrange, passerelle entre le monde de l'enfance et celui, cruel, des grands.

Avec Loup, Dilliès se risque en solo (ce n'est pas la première fois), et c'est plutôt une réussite.

La réussite, elle vient essentiellement, on s'en doute, de la qualité des graphismes, toujours aussi marqués, originaux, identifiables au premier coup d’œil.

Le dessinateur a un style, un vrai et un beau !

Ces graphismes n'auraient pas autant de charme si Dilliès n'avait, là aussi, une patte unique pour la mise en couleurs, des pastels très doux et chauds, que l'on trouve d'habitude dans les albums pour les petits (à partir de la planche 42, les couleurs sont vraiment fabuleuses).

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La réussite, c'est aussi ce décalage que l'on retrouve entre la forme - volontairement très naïve - et le fond, plutôt noir et clairement destiné aux enfants.

Cette trajectoire du loup, elle n'est pas d'une folle gaieté et les choses ne vont pas s'arranger au fur et à mesure que l'on approche de la fin (pas forcement très réussie).

L'album a remporté un grand succès d'estime dès sa sortie, et c'est en grande partie mérité car, dans le paysage de la BD francophone, Renaud Dilliès a une place à part.

Cependant, j'ai trouvé que le scénario ne possède pas du tout la force des histoires développées avec Régis Hautière, cette double lecture qui amène la larme à l’œil du lecteur.

Je suis sorti de l'album un peu - juste un peu ! - frustré : lecture trop rapide, prévisible.

Dites, m'sieur Dilliès, retournez travailler en duo !