Le pitch

Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un "beau mariage"...

Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension.

Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c était à refaire ?

À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c est la déflagration...

Mon avis

Que voilà un joli titre de roman ! Et une jolie couverture ! Et un pitch vraiment alléchant !

Et enfin, des premiers chapitres tout à fait bluffants, car le style de Karine Tuil est tout à fait étonnant. Style boxeur, si cette métaphore vous dit quelque chose. Une succession de phrases punchy où l'auteure prend l'histoire à bras le corps, court sur des pages et des pages sans retour à la ligne, se bat à coups de ponctuation.

À ce propos, il est très, très rare, de voir un auteur français contemporain manier avec autant de plaisir et de talent la ponctuation. Quel dommage que cela n'arrive pas plus souvent ! L'utilisation des (! :, ; /-...) peut, lorsque cela est fait de manière habile, sublimer un texte ! Découvrez, par exemple, comment Tom Wolfe pratique cet exercice de style, depuis toujours, avec une habileté diabolique (plongez-vous dans certains passages de Bloody Miami, c'est assez formidable).

Donc : que de prémisses d'un plaisir de lecture intense ! Et puis... non. Comme dans un mauvais rêve, j'ai vu les rives de l'histoire s'éloigner de moi progressivement, au fil de personnages caricaturaux, de situations improbables, d'outrances et d'égarements dans la volonté de développer sans finesse des thèmes et des thèses trop nombreux.

Peut-être n'ai-je pas "marché" comme le feront certains autres lecteurs ? En tous cas, je vous encourage à tenter l'aventure, Katherine Tuil le mérite, car elle tente de raconter une histoire, une vraie, ce qui n'est pas toujours le cas de ce côté de l'Atlantique. Et puis, d'autre part, sa fascination pour la côte est des États-Unis m'est vraiment sympathique.