L’institutrice
Albin Michel
L’institutrice
Albin Michel
Le pitch
Bretagne, juin 1944. Malgré le débarquement de Normandie, l'occupant et les miliciens locaux traquent encore et toujours juifs et résistants.
Marie-Noëlle parviendra-t-elle à protéger ses élèves... tous ses élèves ?
Un récit au grand cœur, véritable hommage au corps enseignant, qui démontre que les forces et les faiblesses de chacun ne résident pas toujours là où on les attend.
*

Mon avis
S'attaquer à des questions aussi délicates que le racisme, l'antisémitisme et la collaboration durant la seconde guerre mondiale, tout cela en BD, c'est aussi risqué et difficile que d'affronter la face nord de l'Everest.
C'est pourtant ce qu'a brillamment accompli Yves Lavandier avec ce long one shot (deux volumes, pour un total de 200 planches) qui réussi à être à la fois passionnant, didactique et émouvant.
Chapeau !

L'histoire est toute simple : une bande de méchants français coure après un groupe d'enfants pour en capturer un, juif, et le livrer aux allemands.
L'institutrice des enfants va tout faire pour sauver l'enfant, tout en préservant l'unité du groupe.
L'idée formidable d'Yves Lavandier, c'est d'avoir introduit, dans ce schéma scénaristique ultra classique, un facteur inattendu : un des enfants est, a priori, antisémite, et il est prêt à basculer "du mauvais côté de la force".
Tout le sujet de l'histoire sera, au fil des aventures, de le convaincre du contraire.

L'institutrice se lit constamment à double niveau.
Un niveau, évident, pour les jeunes lecteurs, à qui l'album est visiblement d'abord destiné avec l'objectif de leur faire comprendre ces subtiles notions du bien et du mal.

Mais aussi un autre, pour les adultes, qui prendront un vrai bain de fraicheur à plonger dans cette histoire suffisamment bien menée pour devenir un vrai Tourne Page.
Côté illustrations, Carole Maurel déploie toutes les qualités de son style très rond, loin de toute recherche de rugosité réaliste, ce qui est très bien car le sujet était suffisamment fort pour ne pas lui donner, en plus, une couleur visuelle trop sombre.

J'avais déjà repéré Carole Maurel dans plusieurs albums, ces dernières années (Luisa ici et là, Nelly Bly) et L'institutrice confirme tout le bien que je pensais d'elle.
En tous cas, n'hésitez pas à mettre cette histoire entre les mains de jeunes lecteurs, cela sera une bonne façon de joindre l'utile (la pédagogie) à l'agréable (le scénario) !
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