L’été Diabolik
Dargaud
L’été Diabolik
Dargaud
Le pitch
Un agent secret sorti de nulle part, un accident dramatique, une fille troublante et la disparition de son père, le tout en deux jours... Pour Antoine, 15 ans, l'été 1967 sera celui de toutes les découvertes.
Après Souvenirs de l'empire de l'Atome, les auteurs proposent un nouveau cocktail détonant et jouissif: un scénario particulièrement haletant, entre espionnage et littérature, passé au mixeur graphique de Clérisse qui, cette fois, mélange les références des fumetti à David Hockney.
Mon avis
Cela vous est déjà arrivé de passer à côté d'un bon bouquin, à cause d'une couverture ultra moche (dessin kitsch, couleurs délavées atroces) ? Oui ? Eh bien, c'est ce qui vient encore de m'arriver avec L'été Diabolik !
Pour être franc, j'ai assez vite ouvert l'album, épais roman graphique de 160 planches, en découvrant qu'il accumulait les prix (prix des lecteurs de Ouest France, Prix BD FNAC 2017), mais, là encore, j'ai refermé la couverture car mon œil a tout de suite été heurté par toutes les couleurs que je déteste : des violet lie de vin, vert épinard, jaune marronnasse...
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Il a fallu, fin janvier 2017, que l'album soit couronné par un nouveau prix à Angoulême (le Fauve Polar SNCF) pour que je me dise :" ce n'est pas possible, cette BD doit malgré les apparences receler en son sein, bien caché, des trésors de bienfait !"
Comme j'ai bien fait de m'écouter ! Car, effectivement, cet album ne ressemble à aucun autre, et mérite largement qu'on lui consacre deux petites heures (il y a de quoi lire !)...
Au delà des dessins, un peu bizarres de prime abord, et des couleurs sorties directement d'un trip au LSD (qui joue d'ailleurs un rôle dans l'histoire), le lecteur est très vite pris par une intrigue solide, parfaitement construite, avec texte, serré, très bien écrit, enracinée dans un trip vintage année soixante complètement voulu et maîtrisé par Thierry Smolderen.
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Une sombre histoire d'espionnage, sur la côte, en plein été.
Le héros et récitant (il y a un livre dans le livre, je ne vous en dit pas plus) est un adolescent qui va, au cours des quelques jours qui vont suivre, suivre un parcours initiatique vers l'âge adulte tour à tour excitant et traumatisant, au bout duquel toutes les certitude sur son existence, son père, vont être remis en question.
Cela se lit comme un vrai polar cinématographique (le découpage, comme tout le reste, est extrêmement conceptualisé par l'auteur) des années 60, un peu Hitchcock de la grande période (Il y a des références à La main au collet), un soupçon de Patricia Highsmith adaptée par René Clément (Plein soleil), une pincée de Jacques Deray ( La piscine).
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Et, chose étrange, on comprend peu à peu les choix graphiques d'Alexandre Clerisse qui, de la première à la dernière case, joue avec une maîtrise absolue avec les références graphiques de l'époque, références qui participent, finalement, à la qualité de l'ambiance de l'histoire.
Comme c'est un vrai Tourne Page, le lecteur ne décolle pas jusqu'au bout, avec des révélations qui surviendront, vingt ans plus tard, éclairant d'une lumière nouvelles les événements dramatiques qui se sont déroulés cet été là.
Chaudement recommandé, au delà des réticences initiales (presque) complètement levées au cours de la lecture.
Reste un vrai problème : Alexandre Clerisse ne sait pas dessiner les visages d'hommes, et ça, il va falloir qu'il bosse le sujet !
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