Le pitch

Automne 1940. Spirou arrive à convaincre Fantasio de ne pas prendre le train pour partir travailler en Allemagne. Mais les temps sont durs et Spirou est menacé d'expulsion par le prêtre qui lui loue une chambrette. C'est alors qu'il a une brillante idée : avec Fantasio, il va monter un théâtre de marionnettes itinérant pour donner un peu de joie aux enfants qui n'ont rien d'autre à faire que de subir (ou jouer à) la guerre.

Félix et Felka, le couple de peintres juifs allemands exilés à Bruxelles, les aident à réaliser les décors, et Fantasio, esprit débordant de créativité, écrit des contes pleins de violence et de gueuletons. Le spectacle plaît beaucoup à M. Henri, un mécène, qui les engage pour qu'ils aillent jouer un peu partout en Belgique. Et c'est ainsi que Spirou et Fantasio partent à vélo sillonner le pays avec leur théâtre itinérant.

Mais Fantasio va tomber amoureux, et son comportement et ses secrets vont commencer à attirer de graves ennuis à Spirou...

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Mon avis

En 2018, près d'une décennie après Le journal d'un ingénu, Emile Bravo a entrepris de prolonger "son" Spirou (n'hésitez pas à lire ici ma critique avant de poursuivre celle-ci) avec L'espoir malgré tout.

Un projet considérablement ambitieux, puisque programmé dès la parution pour se dérouler en quatre albums.

L'idée ? Redonner vie au groom à tenue rouge et à son ami Fantasio pour raconter" leur seconde" guerre mondiale.

Le journal d'un ingénu montrait un Spirou confronté aux prémisses de la guerre.

Le premier volume de L'espoir malgré tout - un récit long et dense de 85 planches  - commençait juste avant que son pays, la Belgique, ne soit envahie par l'armée allemande.

La suite des événements, vous l'imagez, tournait à la tragi-comédie, même si le tragique prenait vite le pas sur l'humour habituel de la série...

Habile, remarquablement écrit, l'album s'achevait en automne 1940 sur un cliffhanger : cet écervelé de Fantasio décidait de partir comme travailleur volontaire en Allemagne !

Impossible, dès lors, de ne pas ronger son frein en attendant le second tome de la quadrilogie... que voilà enfin fin 2019 !

Dès les premières planches, Spirou arrive - on s'en doutait - à dissuader Fantasio de partir... mais les ennuis des deux amis ne sont pas terminés, loin de là...

Il vous suffit de lire le pitch - sans doute un brin trop explicite - pour découvrir la direction vers laquelle part l'histoire.

Le premier volume frappait par la capacité d'Emile Bravo à parler de choses terriblement sérieuses en gardant le format et l'esprit de la série originelle.

Avec ce second volume, on franchit un nouveau palier dans le réalisme scénaristique, et un nouveau niveau dans la qualité de l'oeuvre.

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Le lecteur aura de moins en moins l'occasion de rire des bêtises de Fantasio, pour se préoccuper de l'avenir de nos héros, plongés peu à peu dans la résistance pour lutter contre ce qui fait toute l'horreur de cette guerre.

La trame graphique reste la même : un gaufrier serré en quatre strips avec des cases toutes petites, énormément de texte tout au long des 88 planches (le temps de lecture est celui d'un roman), des couleurs ternes qui soulignent l'ambiance de l'occupation.

Bravo parle de tout ce qui fâche, avec un réalisme fascinant et particulièrement subtil : de la résistance et de la collaboration, de la religion (les bons et les mauvais prêtres...), de la stigmatisation des juifs avec le port de l'étoile jaune...

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La couverture du numéro anniversaire du journal Spirou : 80 ans !

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Spirou était déjà amoureux (voir les tomes précédents); voilà Fantasio atteint à son tour.

Pour sauver des enfants juifs (il y a beaucoup d'enfants dans cet album, une fois de plus), ils vont être amenés à prendre de plus en plus de risques, au point que...

Le volume s'achève sur le plus angoissant des cliffhangers qu'on puisse imaginer.

Impossible de ne pas trembler en attendant l'épisode suivant mais, d'ores et déjà, il est certain que L'espoir malgré tout est un vrai chef-d'oeuvre, et une étape importante dans l'histoire de la BD.

Indispensable.