Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce
Le Seuil
Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce
Le Seuil
Le pitch
Dans un théâtre, soudain un homme surgit, l'air en fuite. Qui est à ses trousses ? Y a-t-il vraiment une menace ? Il pourrait faire marche arrière, retourner à sa vie. Il est encore temps. Juste une excuse à trouver : un moment de panique, une erreur d'aiguillage, une rencontre imprévue. Ou au contraire larguer les amarres, pour toujours.
Au cours de ce moment suspendu où tout peut basculer, il se prend à imaginer d'autres vies. De grands destins. L'appel du large. Il invoque ses maîtres et se rêve André Malraux, Charles Bukowski, Thomas Bernhard, Romain Gary... Qu'auraient-ils fait à sa place ? Et lui, s'il osait être lui, que ferait-il ?
Mon avis
Qui n'aime pas Edouard Baer ? Cet honnête homme, dans le sens classique du terme, drôle, cultivé, amateur des lettres et du cinéma; et sans doute le plus grand improvisateur que la France ait connu depuis bien longtemps !
A ma connaissance, personne. Car il y a chez ce quinquagénaire gentiment hirsute une humanité que l'on ne trouve pas souvent chez les hommes qui fréquentent les plateaux télé.
Avec ce texte au titre à rallonge, voilà l'occasion de plonger au cœur même du spectacle qu'il a créé en 2019 et promené un peu partout, sur les scènes de notre beau pays, au gré des vicissitudes des confinements.
Un "seul en scène" (ou presque, il y a un comparse au texte minimal) où Edouard Baer donne libre cours à tout ce qui fait son charme et que je viens d'énumérer en introduction.
"Seul en scène", car ce n'est pas tout à fait un one man show, ni tout à fait du théâtre.
Des élucubrations ? Le terme est peu flatteur, car il est généralement employé dans son sens le plus péjoratif : un discours laborieux et absurde. Et pourtant, cela correspond bien au corpus de ce spectacle qui, je dois bien l'admettre malgré toute mon admiration pour l'auteur, ne m'a pas complètement convaincu et transporté.
On peut imaginer la performance que représente la présentation de ce texte sur scène, et tous les spectateurs mettent en avant le jeu d'Edouard Baer, qui les a bluffé.
Sans le support du talent de comédien de l'auteur/acteur, le projet littéraire m'a paru un peu décousu, sans ligne directrice, et le délire dont il est habituellement capable n'est pas là, à l'exception d'un long passage (chapitre XIV) sur les campagnes de Napoléon, particulièrement drôle et réussi.
Le meilleur du projet - terrible paradoxe - est constitué des citations de lectures de textes connus de grands auteurs.
Dans l'ordre, Edouard Baer cite longuement Albert Camus (La chute), Georges Brassens (Les passantes), Charles Bukowski, Boris Vian (Je voudrais pas crever), Thomas Bernard (Des arbres à abattre), et pour clore le spectacle, Romain Gary (La nuit sera calme).
Edouard Baer voulait-il créer un spectacle de lectures ? Si c'est le cas, cette partie du projet est très réussi, car les textes choisis sont très beaux et souvent très émouvants.
Rien que pour ceux-ci et pour Napoléon, votre lecture se justifie ! Acheter sur Amazon