Le pitch

La terre est avec moi, frère, dit Ta-Kumsaw. Je suis le visage de la terre, la terre est mon souffle et mon sang.

— Alors j’entendrai battre ton cœur dans le pouls du vent, dit Lolla-Wossiky.

— Je rejetterai l’homme blanc à la mer », dit Ta-Kumsaw.

1810, sur la frontière des pionniers américains. Promis à l’avenir mystérieux et grandiose d’un « Faiseur », si les forces du mal ne parviennent pas à le détruire, Alvin a dix ans. Le voici qui découvre le monde des hommes rouges dont l’existence se confond avec les rythmes de la nature et de sa « musique verte ». Nouvelles épreuves, plus rudes ; nouvelles révélations, plus extraordinaires.

Après Le Septième Fils, Le Prophète rouge ouvre Les Chroniques d’Alvin le faiseur à l’embrasement de l’Histoire, dans un récit magique et flamboyant.

Mon avis

Avec la finesse d'observation qui vous caractérise, vous avez pu noter que Le prophète rouge est le second volume de la saga des Chroniques d'Alvin le faiseur.

Je vous invite donc à lire préalablement ma critique du premier tome, Le septième fils, où j'expliquais à quel point Orson Scott Card avait su planter le décor d'une uchronie historique, une réalité alternative où, au XVIII° siècle, dans une Amérique qui n'est pas encore les Etats-Unis, certains humains disposent de pouvoirs que l'on pourrait qualifier de "magiques".

Ce premier volume racontait la prime jeunesse d'Alvin, le héros pivot de la saga. Le septième fils d'un septième fils doté de pouvoirs que l'on subodore comme considérables.

Avec ce second volet, Orson Scott Card surprend complètement le lecteur puisque, durant près de 200 pages, il abandonne les personnages qu'il avait mis en avant depuis le début du roman pour se concentrer sur deux indiens, frères de sang.

Son objectif : raconter comment ces deux êtres étonnants vont lutter, chacun de leur côté, pour rejeter la menace de l'invasion du continent par les "blancs" qui viennent d'Europe. L'un a choisi l'affrontement, la guerre; l'autre préfère l'évitement, la paix.

En face : les grandes figures de l'histoire européenne, les anglais, les français, de Benjamin Franklin à un... Bonaparte où, dans cette réalité alternative, l'homme est doté lui-même de pouvoirs particuliers qui expliquent son incroyable charisme !

Je n'en dirais pas plus. Sachez que, dans ce long récit au rythme lent, à la prose somptueuse, Orson Scott Card développe tout un univers panthéiste où la relation des indiens avec la Terre, la faune et la flore est fusionnelle.

Ecrit en 1988, Le prophète rouge est fascinant, tant il met en avant toutes les préoccupations qui nous mobilisent, plus de 30 ans plus tard, pour l'avenir de la planète.

Un vrai chef-d'œuvre de la littérature fantastique. Et l'on saute à l'abordage du troisième volet, L'apprenti, pour connaître la suite du destin d'Alvin.