Les choses

Georges Perec

Julliard/Pocket

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Le pitch

Dans ce récit si simple et si uni qu'il convient d'en souligner l'originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d'une entreprise romanesque les enseignements de l'analyse sociologique. Il nous décrit la vie quotidienne d'un jeune couple d'aujourd'hui issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible – car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses. "

C'est qu'il y a [dira Georges Perec] entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé... Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure possible ; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues. "

Mon avis

Si le roman de Georges Perec, Prix Renaudot 1965, a si fortement impressionné le public et la critique lors de sa sortie, c'est que l'oeuvre du tout jeune auteur (qui mourra d'ailleurs prématurément avant d'atteindre la cinquantaine) rompait profondément avec la littérature traditionnelle.

Si ce livre est aujourd'hui enseigné au lycée et à l'université, c'est parce qu'il était - et restera - tant un très bel exercice de style formel que, sur le fond,  le passionnant témoignage d'une époque.

La forme, c'est ce qui a toujours passionné Georges Perec, tout au long de sa courte carrière en quête d'expérimentation extrême.

Le premier chapitre est écrit au conditionnel, le second au futur antérieur, avant que l'auteur ne passe, au fil des pages, par le passé simple, l'imparfait  ou le plus que parfait. Rien que cela...

L'entier roman est composé comme un exposé journalistique, le simple étalage de faits, sans aucun dialogue, créant ainsi une distanciation avec les deux personnages principaux qui, comme observés par un ethnologue ou un sociologue, s'agitent sous le microscope du scientifique.

Distance, distance par rapport aux piètres "héros", au récit de leur vie qu'ils pensent originale mais qui n'est que la somme des courants des modes du temps.

C'est là que Perec touche au fond, en déconstruisant méthodiquement, méticuleusement, les ressorts de la société française du début des trente glorieuses.

C'est une analyse critique, partisane (bien que l'auteur s'en soit défendu) sans jamais vraiment toucher au politique.

C'est surtout terriblement cruel, puisque les personnage sont présentés comme de simples pantins qui, loin de maîtriser leur destin comme ils le pensent, échouent piteusement dans leur quête d'originalité.

Attention : ne fuyez pas ! Cette analyse donne peut-être l'impression que ce court roman n'est qu'un pensum froid et profondément ennuyeux.

Mais s'il le ton est effectivement assez glacial, le lecteur ne s’ennuie pas une seconde et se laisse porter comme s'il lisait, finalement, une sorte de fable des temps modernes.

Les choses ? A lire une fois dans sa vie, pour sûr !

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