Les 5 terres
Editions Delcourt
Les 5 terres
Editions Delcourt
Le pitch
Tandis qu’Astrelia est ramenée contre son gré à Angleon, le roi Mederion a fait enfermer les étudiants qui étaient venus discuter avec lui librement. Non seulement cette décision révolte Terys et le Conseil, mais elle décide également les étudiants les plus révolutionnaires à passer à l’action.
Tandis que les uns pansent leurs blessures, les autres se déchirent dans une cité devenue le théâtre d’affrontements intimes de plus en plus violents.
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Mon avis
L'objet de votre haine est le cinquième tome de la série Les 5 terres, entamée en 2019. Une série destinée, selon l'éditeur, a courir sur pas moins de trente albums (!), avec un premier arc narratif sur six tomes.
N'hésitez pas à lire ma critique du quatrième tome, La même férocité, pour découvrir les moyens hors normes mis en œuvre par les éditions Delcourt pour développer une saga de cette ampleur : rien moins que trois scénaristes (réunis sous le pseudonyme Lewelyn), un directeur artistique, un encreur, un spécialiste de la mise en couleur et - bizarrement - un seul dessinateur, Lereculey.
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La saga, tout autant anthropomorphique que shakespearienne dans son essence même, est avant tout une réflexion complexe sur le pouvoir.
Par quels moyens le conquérir ? Avec qui ? Comment l'exercer, dictature ou démocratie représentative, autocratie ou oligarchie ? Comment le conserver sur la durée ?
C'est à toutes ces questions que Lewelyn (que je considère comme une entité autonome, donc) s'efforce de répondre dans ce cinquième volume, avec force détails, détours et réflexions subtiles.
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Disons le tout net : à force de se concentrer - de se polariser même - sur ce sujet, le scénariste oublie un peu, beaucoup, de faire avancer son histoire.
Ainsi que j'avais pu déjà le souligner lors de l'épisode précédent, l'intrigue ronronne, la mécanique narrative patine; bref : Lewelyn, tout occupé à se faire cérébralement plaisir, oublie un peu le lecteur.
Pas de progression, de coups de théâtre, énormément de dialogues et pas d'action : on s'ennuie un peu.
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Comme, côté graphique, le découpage privilégie à l'extrême les toutes petites vignettes au détriment des plans larges (quasiment absents de l'album), qui étaient pourtant si beaux dans les volumes précédents, l'ensemble manque carrément de respiration et le lecteur étouffe un peu...
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Attention : le fond du propos est toujours aussi intelligent et la rédaction, sur le plan littéraire, largement au dessus du commun de la BD !
Mais j'avoue avoir refermé l'album en attendant avec impatience un sixième et dernier volet où tous les nœuds de l'intrigue, si patiemment serrés, devraient se dénouer d'un coup.
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