Le pitch

Gil Jourdan reçoit René Cambon, petit employé de bureau, qui demande à l’engager afin de retrouver son frère Jean, qui lui a donné des nouvelles récentes de la république de Massacara.

Jean, ingénieur, a inventé une arme permettant à son détenteur de tenir en respect toute une armée. Malgré le ton badin de la lettre, René a découvert, au moyen d’un langage codé que lui et son frère utilisaient, que Jean l’appelle à l’aide. Il convainc Jourdan de partir à sa recherche.

*

Mon avis

5ème album de la série des Gil Jourdan, scénarisé et dessiné par Maurice Tillieux.

Si, aujourd'hui, le merveilleux créateur qu'était Tillieux est en grande partie passé dans l'ombre de la postérité, c'est sans doute du au fait que son œuvre a manqué de cohérence, passant du pur réalisme (scénariste de la série western Jess Long) au comique le plus commun (la série César, par exemple).

Pourtant, ce fut un des auteurs majeurs de la BD belge des grandes années, scénariste (entre autres) d'une dizaine de Tif et Tondu.

*

*

Mais c'est avec la série Gil Jourdan qu'il touchera son meilleur, grâce à un mixte d'humour déjanté et de scénario semi-réaliste digne des meilleurs polars des 60's, le tout porté par un trait absolument magnifique.

Car indubitablement, Tillieux était un des dessinateurs majeurs de l'époque, la précision et la souplesse de son trait faisant penser - quand il s'en donnait le temps et la peine, ce qui n'était pas toujours le cas !  - à celui d'André Franquin.

*

*

L'enfer de Xique-Xique est un excellent exemple de cette petite tambouille assez unique dans le milieu de la BD.

Le scénario d'aventures exotique sud-américaine (au cadre inspiré par Le dictateur et le champignon, de Franquin ?) se termine par un très long raid en camion dans un décor d'apocalypse qui fait parfois penser au célèbre Salaire de la peur, le film de Clouzot sorti quelques années plus tôt.

*

*

Sur ce canevas angoissant, magnifié par les dessins incroyables de Tillieux (regardez la planche 41 avec encrage, n'est-ce pas magnifique ?!), l'auteur plaque les (bonnes) blagues habituelles générées par l'inénarrable Libellule et quelques seconds rôles abrutis.

*

*

Alors OK, l'histoire est un peu linéaire et le mixte de l'humour et de l'aventure deux niveaux en dessous d'un Franquin dans Le prisonnier du bouddha mais, non d'un chien, quel bon moment de détente !