Le vagabond des étoiles
Noctambule
Le vagabond des étoiles
Noctambule
Le pitch
San Quentin. Dans la prison d'État de Californie, Darrell Standing, ingénieur agronome, s'apprête à être pendu. Pour supporter les tortures que lui infligent les geôliers, il s'évade au gré de voyages astraux dans des vies passées. Il se retrouve sous les traits du comte Guillaume de Sainte-Maure au coeur du Paris de Louis XIII ; sous ceux d'un enfant sur les pistes de la conquête de l'Ouest ; en ermite hystérique ; en migrante irlandaise ; ou encore en Viking devenu soldat romain...
Oscillant entre réalisme et fantastique, ce roman remarquablement adapté par Riff Reb's s'impose à la fois comme un procès contre l'univers carcéral et un hommage à la puissance de l'imaginaire.
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Mon avis
Riff Reb's est un amoureux de Jack London.
ça, je le sais depuis la sortie en 2012 de l'album Le loup des mers, une formidable adaptation du terrible roman du grand auteur américain (ma revue de l'album est sur le site) qui avait été accueilli chaleureusement par la critique.
Avec Le vagabond des étoiles, Riff Reb's remet ça, mais en cherchant la difficulté.
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Autant le premier livre, un grand classique du roman d'aventure maritime, donnait matière à images, autant le second semblait peu s'y prêter.
Il faut dire que Le vagabond des étoiles est un récit un peu à part dans l'oeuvre de Jack London.
Dernier roman écrit avant sa mort, sa tonalité fantastique le distingue des autres romans du grand auteur/aventurier.
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Le sujet ? La lutte, au fil des ans, d'un homme condamné à la prison à vie pour lutter contre les terribles tortures que lui infligent ses géôliers.
Sa méthode : apprendre peu à peu à son esprit à s'évader de sa prison de chair pour vagabonder dans d'autres lieux et d'autres époques, et même... dans les étoiles, par le truchement d'autres corps.
Une bonne partie du récit se polarise sur la situation de Darrell Standing, enfermé, seul, dans une cellule, allongé par terre, parfaitement immobile car placé dans une camisole de force.
Avec ça, pas facile de bâtir une BD, n'est-ce pas ?!
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Pourtant, après des premiers chapitres terriblement claustrophobes (difficile de ne pas compatir aux incroyables épreuves que subit le héros), Riff Reb's parvient à élargir peu à peu le champ de ses illustrations en profitant des sauts de plus en plus longs et fréquents que réalise son personnage principal "ailleurs", dans le temps et l'espace.
Le travail d'illustrateur de l'auteur, que j'avais déjà adoré dans Le loup des mers, est ici tout simplement extraordinaire.
Son dessin, tout en modelés puissants, travaille uniquement avec des noirs et blancs violemment contrastés.
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Là dessus, Riff Reb's a choisi une mise en couleurs hors du commun, puisque chaque chapitre (il y en a 18) est baigné dans une tonalité unique : bleu, rouge, jaune, violet, orange.
Plaidoyer impitoyable sur les considérations d'incarcération de l'époque, l'album (180 planches d'un format modeste) est tout autant une incitation à l'exploration de la puissante de notre cerveau.
Vous avez envie d'une œuvre magistrale pour vous évader et vous émouvoir ? Cet album - que j'ai d'ores et déjà placé sur une étagère de ma bibliothèque idéale - est définitivement pour vous !
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