Le pitch

Le 21 juin 1786, Louis XVI, qui n’a jamais voyagé, décide de se rendre à Cherbourg, contre l’avis de ses plus proches conseillers. Que compte-t-il rapporter de ce périple dans un territoire qu’on prétend hostile ? Pourquoi traverser ces terres où vivent encore des sorcières et plane le souvenir des invasions vikings ? Roi lettré qui pratique couramment plusieurs langues, il sait tout des navires et des monstres marins. Il est capable de dresser la carte de l’expédition autour du monde de La Pérouse, mais n’a jamais embarqué, à trente-deux ans, sur un bateau ni vu la mer.

Bouleversé par le spectacle de ces eaux déchaînées et de ce peuple qu’il découvre enfin, il se met à rêver à une société plus juste.

Mon avis

C'est en découvrant le pitch, charmant, du roman historique de Gérard de Cortanze, que je me suis lancé dans la lecture de cet épisode peu connu de la vie de Louis XVI.

Un roi sédentaire qui, à 34 ans, découvre pour la première fois la mer, n'est-ce pas une idée romantique ? Pourtant, la côte normande n'est qu'à 175 km de Versailles, moins de deux jours de voyage en carrosse...

Cela situe bien à quel point la monarchie française était arrivée à un point de centralisation extraordinaire : comment un roi aurait-il pu gouverner correctement la France et les français, alors qu'il ne les avait jamais rencontrés et ne les connaissait donc pas ?

Cependant, le pitch est tout sauf exact, puisque le voyage de Louis XVI était avant tout un déplacement politique, son objectif étant de découvrir de visu Cherbourg, où il avait décidé de construire un grand port militaire pour défendre le nord de la France.

Passé les cents premières pages, que l'on croirait écrites par un auteur de l'époque, tant le style de l'auteur est d'une platitude classique assez rare, j'avoue avoir subi, plutôt que vécu, le récit de ce voyage, même si cela n'est jamais désagréable - juste assez ennuyeux...

Totalement linéaire, sans le moindre recul historique, la chronique de ce déplacement ne dépasse jamais le convenu, tant dans la forme, que dans le fond.

Dommage, car il y avait là matière à une mise en perspective passionnante, sachant que se profile déjà à l'horizon la révolution de 1789.

Tout juste l'auteur énonce-t-il a de multiples reprises, de manière vraiment lourde, le rôle de l'aristocratie française dans l'isolement du roi et dans le frein apporté aux réformes nécessaires.

Si vous aimez les récits historiques tels qu'on les lisait, il y a quelques décennies, dans les Lagarde & Michard, n'hésitez pas à vous offrir ce gentil petit roman.

Si vous êtes habitué aux essais ou aux romans historiques contemporains, passez votre chemin : ces images d'Epinal vous lasseront très vite.