Le petit frère

JeanLouis Tripp

Casterman

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Le pitch

Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l'insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence... 45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame.

Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale...

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Le petit frère

Mon avis

JeanLouis Tripp (sans tiret au milieu du prénom) a acquis une très forte renommée dans le monde de la BD grâce à la superbe série Magasin général, scénarisée par Loisel et illustrée par Tripp, neuf albums publiés entre 2006 et 2014 (voir ma critique sur le site).

Après deux volumes d'un roman autobiographique évoquant sa vie sexuelle, Extases, le voilà qui plonge en 2022 plus profond dans sa propre vie pour évoquer un épisode particulièrement douloureux, la mort accidentelle de son jeune frère à l'âge de 11 ans.

Le petit frère

Certains lecteurs pourraient, a priori, passer à côté de ce très épais album (340 pages) en considérant que l'auteur fait preuve d'une impudeur choquante en déballant avec forces détails ce drame intime.

Pourtant, ils auraient tort de le faire, car Le petit frère est une oeuvre magnifique.

Je n'ai probablement jamais lu un récit aussi profond, détaillé, sensible, sur le deuil d'un proche.

Le petit frèreTripp raconte tout minutieusement : les vacances insouciantes, l'accident, terrible, le choc pour les proches, la sidération, le deuil, l'impact sur la vie quotidienne, au fil des jours, des mois, puis des années, mais aussi l'aspect trivial du procès pénal et civil du responsable de l'accident.

Avec de très grandes vignettes en noir et blanc (exceptées quelques planches en couleur sur le temps présent) , avec ce dessin immédiatement reconnaissable, cette façon charnue de croquer les visages, l'auteur s'attache à décrire, tout, sur la durée.

Le petit frère est pour JeanLouis Tripp, à n'en pas douter, une forme d'analyse curative psychanalytique.

Le petit frère

Pourtant, pas un instant, pas une page, le récit ne s'approche de la zone d'impudeur.

Au contraire, les mots, les attitudes parviennent à transmettre l'émotion avec une subtilité rare.

Je mets au défi quiconque lira ce récit de ne pas verser, à plusieurs reprises, quelques larmes, tant la subtilité de la narration plonge le lecteur dans un bain empathique profond.

Le petit frère

Et l'on se demande, pour ceux qui n'ont jamais vécu un drame de cette nature, comment on vivrait, nous, après une telle perte...

Une oeuvre magistrale à lire, s'il vous plait...

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