Le passage du canyon
Actes sud/Babel
Le passage du canyon
Actes sud/Babel
Le pitch
Oregon, 1850. Quand Logan Stuart, aventurier et homme d’affaires, arrive à Jacksonville, il découvre une bourgade sur laquelle plane la menace des Indiens… mais aussi les rivalités qui opposent prospecteurs, paysans et autres émigrants. Il va alors se retrouver au cœur de tous ces conflits.
Une bagarre qui éclate, un joueur prêt à tuer pour dissimuler ses dettes, des rumeurs qui courent, des colons soudainement massacrés, et voilà que toute une société animée par la passion de l’argent ou du jeu, l’amitié profonde ou les liaisons cachées, est sur le point d’exploser.
Mon avis
Ernest Haycox est un auteur américain ayant vécu très exactement (1899/1950) la première partie du XX° siècle.
Polygraphe assumé (une trentaine de romans, une centaine de nouvelles), il a connu dans son pays une vraie gloire de son vivant, porté par les très nombreuses adaptations de ses romans au cinéma, à la grande époque d'Hollywood.
Et en France ? Rien de rien, inconnu au bataillon ! Heureusement que, ces toutes dernières années, le grand réalisateur Bertrand Tavernier et les éditions Actes sud ont décidé de mettre - enfin ! - en lumière son œuvre, auprès des lecteurs français.
Heureusement, car quel grand écrivain que cet amateur de l'histoire fondatrice des Etats-Unis, dont l'essentiel de l'œuvre se déroule sur toile de fond de la conquête de l'ouest !
Après avoir ouvert la porte de sa bibliographie par le chef-d'œuvre Les fugitifs de l'Alder Gulch, j'ai poursuivi ma visite par le tout aussi brillant et attachant Le passage du Canyon, dans lequel j'ai retrouvé tout ce qui avait fait mon admiration et mon plaisir lors de ma lecture des fugitifs.
Les livres d'Haycox ne sont que charme et paradoxes.
En apparence : l'Histoire de l'Amérique en marche (avec un grand H), en plein milieu du XIX° siècle. En réalité : l'histoire personnelle d'hommes et de femmes doté d'une épaisseur psychologique stupéfiante.
En apparence : des histoires rugueuses d'aventuriers, justiciers ou hors-la-loi, se battant avec la nature hostile. En réalité : une magnifique histoire de tendresse et d'amour entre un homme et une femme.
En apparence : un style économe de mots, chaque phrase ayant une fonction essentielle. En réalité : des dialogues incessants, presque bavards, entre des protagonistes qui manient à merveille l'art du non-dit.
Comme dans les fugitifs, il y a des êtres ambivalents, des hommes qui ont laissé s'éloigner le mirage d'une vie de succès honnêtes par paresse et par faiblesse, d'autres au cœur honnête prêt à laisser passer l'amour véritable par excès de délicatesse.
Il y a des histoires d'argent, des histoires de vengeance; des scènes d'action fichtrement bien faites; et quelques indiens qui viennent semer la pagaille...
Tout un monde, quoi, en tout juste 360 pages ! Une petite merveille et un nouveau chef-d'oeuvre, indispensable !
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