Le jeu de la rumeur
Rivages/Noir
Le jeu de la rumeur
Rivages/Noir
Le pitch
Une journaliste déterminée et un agent du FBI récalcitrant affrontent des éléments fascistes dans ce thriller historique qui se déroule à Boston durant la Seconde Guerre mondiale.
Une nouvelle saga de Thomas Mullen dans la veine de la trilogie d’Atlanta, qui aborde cette fois-ci l’antisémitisme et les fake news.
Mon avis
Un épais roman de Thomas Mullen, qui a convaincu de son talent ces dernières années nombre de lecteurs (dont je fais partie), grâce à sa fameuse trilogie dîtes d'Atlanta, follement originale.
Vous m'avez pas lu Darktown, Temps noirs et Minuit à Atlanta ? Quelle chance vous avez !
Ces trois romans, complexes, au contexte historique hyper documenté, sont autant de romans policiers qui explorent le passé peu glorieux des Etats-Unis (les critiques de ces romans sont tous sur le site).
Après les années 50 dans le sud des Etats-Unis gangrénés par la ségrégation raciale au détriment de la population noire, il s'attaque cette fois au sujet de l'antisémitisme durant la seconde guerre mondiale, en Nouvelle Angleterre.
C'est en fait une plongée dans une époque où, pour des raisons soit idéologiques, soit politiques, soit racistes, une partie de l'Amérique ne souhaitait pas s'engager dans le grand conflit mondial qui ravageait la planète depuis 1939.
Le meilleur représentant de ce mouvement fut le grand aviateur Lindberg qui, pendant un temps, laissa cours à des pulsions pronazis. Heureusement que Roosevelt, avec subtilité, prépara la population à une entrée en guerre, en utilisant le traumatisme de Pearl Harbour pour basculer dans la guerre...
Ici, Thomas Mullen plonge dans la soupe amère servie par une frange de la population en grande partie défavorisée, ces "petits blancs" urbains qui accusaient les juifs de tous les maux dont ils se sentaient accablés.
Ses deux héros sont, de manière très symbolique, une journaliste juive et un enquêteur du FBI irlandais.
Le roman permet de les suivre, dans une série de chapitres alternés du début jusqu'à la fin (le procédé, systématique, finit par lasser), la journaliste et l'enquêteur dans leurs recherches respectives.
Comme on pouvait s'en douter (un peu trop), leurs enquêtes et leurs destins vont finir par se rencontrer, mêlant travail et sentiments. Mais pour combien de temps ?
Disons le tout de suite : si l'on retrouve dans Le jeu de la rumeur la qualité de narration des autres romans de l'auteur et sa capacité à installer une toile de fond historique consistante, j'ai trouvé l'ensemble nettement en dessous de sa trilogie précédente.
Sans doute parce que l'intrigue n'a pas la complexité de celles des autres livres.
Sans doute aussi parce que le roman est trop long et trop lent, surtout dans sa première moitié.
Sans doute enfin parce que les deux personnages principaux manquent un peu d'épaisseur, comme s'ils n'étaient, un peu trop commodément, construits que pour représenter les deux franges antagonistes de la population.
Résultat : on ne s'implique pas émotionnellement dans leurs aventures aussi profondément qu'on avait pu le faire avec les héros afro-américains des polars précédents.
Manquent également quelques autres personnages consistants.
Aucun n'est comparable, par exemple, au merveilleux personnage John McInnis, dans Minuit à Atlanta.
Attention : je ne vous incite pas à éviter ce roman. Mais je pense que vous en "profiterez" mieux si vous n'avez pas la trilogie d'Atlanta déjà en tête. Alors lisez-le d'abord !
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