Le fils de Pan
Sarbacane
Le fils de Pan
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Le pitch
Zoé, cadre supérieure d'une grosse entreprise italienne, " control freak " plus cartésienne que Descartes lui-même, ne comprend pas quelle mouche a piqué son vieux père qui, d'après ses journaux intimes, est parti en voyage avec un certain Eustis, un prétendu satyre déchu de la cour errante de Dionysos, le Dieu de l'ivresse... Le paternel n'a pas perdu la boule ; Eustis existe bel et bien et il est perdu dans le monde des mortels, plus précisément dans un bois glacial où il s'ennuie à mourir en attendant que ses chers amis, endormis dans le fond d'un lac, se relève d'une ultime cuite.
Mais une surprise toute particulière va le sortir de sa torpeur : Séléné, la Déesse de la Lune, lui envoie son avorton qu'elle a eu avec Pan, un petit satyre aux boucles blondes, pour qu'Eustis l'aide à trouver sur Terre sa place dans le cosmos, sa " spécialité " de Dieu. Eustis n'en croit pas ses oreilles : Pan et Séléné se sont offerts du bon temps et c'est lui qui doit en subir les conséquences ? ! Pas question de jouer le baby-sitter de Dieu pour les siècles à venir. Seule solution pour se débarrasser de cet enfant indésiré : se rendre à l'Olympe et demander à un Dieu de rang supérieur de le relever de cette tâche. Le problème, c'est que sa tête a été mise à prix pour avoir volé de l'ambroisie à Arès et avoir permis à un mortel d'en goûter, entre autres larcins...
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Mon avis
Le fils de Pan : sous son épaisse couverture bleue azur plongée dans une ambiance art nouveau, l'album au dos toilé de Fabrizio Dori publié par les éditions Sarbacane est un roman graphique qui sort totalement de l'ordinaire.
Si vous venez de lire long pitch de l'éditeur, vous savez déjà que l'histoire fait plus que frôler le merveilleux : les 240 planches de l'ouvrage semblent sortir directement d'un volume des Contes et légendes que nous lisions étant enfant.
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Pour apprécier pleinement le scenario de Fabrizio Dori, il n'est pas nécessaire de lire Le dieu vagabond, l'album précédent mettant déjà en scène les aventures du faune Eustis.
Par contre, vous pourrez éventuellement avoir du mal - comme cela a été le cas pour moi - pour tenir sur la durée la lecture d'aventures qui naviguent en permanence, systématiquement, entre l'onirisme et le surréalisme.
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C'est charmant, intriguant, léger et perpétuellement surprenant, comme une relecture des inspirations du peintre Mucha revisité par Salvador Dali.
Cependant, cela tourne sur la durée un peu en rond et il est vraiment dommage que Fabrizio Dori ne s'en soit pas tenu à la longueur de son précédent album (160 planches).
Mais même si poésie et mythologie ne sont pas forcement votre tasse de thé, n'hésitez cependant pas un seconde à plonger dans ce volume qui est, visuellement parlant, une vraie splendeur.
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Dès que vous aurez soulevé la couverture de l'album, vous tomberez sur des pages de garde à la beauté sidérante, une double page - en fait - "à la manière de" des grands maîtres de l'art nouveau.
Ensuite, il vous suffira de suivre l'histoire pour, au fil des pages, tomber soudainement sur une vignette, un strip, une planche, évoquant de manière incroyablement fidèle et élégante des grands peintres et illustrateurs du passage du XIX° au XX° siècle.*
L'amateur de peinture découvrira, au hasard des pages, les références en quantité à l'art nouveau et au surréalisme, mais aussi l'art deco, l'expressionisme, le fauvisme, le symbolisme...
Un feu d'artifice graphique qui vous en mettra plein les mirettes.
Un album de BD ? Non : une oeuvre d'art !
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