Le dernier arbre
Points / Seuil
Le dernier arbre
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Le pitch
Byron Aldridge, constable d'une scierie de Louisiane, noie dans l'alcool et la musique les traumatismes de la Grande Guerre. Pour le sauver, son frère Randolph rejoint l'exploitation. L'un fait régner l'ordre à coups de feu, l'autre croit au dialogue.
Au cœur des marais, les deux frères vont devoir s'allier pour affronter les Buzetti, gangsters propriétaires du saloon, qui ont juré de les tuer avant le dernier arbre coupé...
Mon avis
Comment ai-je découvert Tim Gautreaux ? Eh bien... un peu malgré moi, car l'auteur américain n'est quasiment pas connu en France et, il faut le dire, le titre et la couverture de son roman le plus connu sont bien peu engageants !
Heureusement, quelque chose dans le pitch du Dernier arbre m'a accroché l’œil et, même si l'ouvrage est resté sur une étagère plus d'un an, j'ai fini par l'ouvrir.
Dès le premier chapitre : magie littéraire, j'ai été aspiré et transporté dans le temps (l'après première guerre mondiale), l'espace (le fin fond de la Louisiane) et, dès lors, plus rien n'a compté...
Disons le tout net : ce premier roman de Tim Gautreaux, publié en France (mais le deuxième dans l’ordre chronologique) écrit à l’âge à l’âge de 56 ans, est un grand livre.
Je ne sais que mettre en avant :
La capacité de Gautreaux à immerger le lecteur dans un monde disparu, cette Louisiane du bout du monde où des hommes perdus dans les bois, loin de tout civilisation, massacrent consciencieusement les centaines d'hectares d'arbres quasi millénaires d'une forêt primaire pour en faire des planches...
Moiteur, humidité, insectes, serpents d'eau venimeux...
La faculté de l'auteur à peindre de puissants portraits, à coup de pinceaux subtiles qui précisent peu à peu leur personnalité...
Randolph administrateur établi et Byron, traumatisé par "sa" guerre mondiale, les deux frères Aldridge si différents et si semblables à la fois, hommes à la foi droits dans les bottes de leurs valeurs morales et plein de doutes sur leur capacité à avancer dans la vie...
La subtilité du scénariste, capable d’enchâsser le quasi documentaire d'un métier disparu (c'est passionnant) dans un récit finalement assez proche d'un polar/western où le souffle de la mort est toujours présent...
Un peu de tout cela, sans le moindre doute, pour former un roman puissant, habité par une foi lucide dans l'humanité, impossible à lâcher jusqu'à la fin.
Un livre que l'on referme à regret, comme tous les grands romans.
Plus que recommandé : La clairière (The clearing, titre original beaucoup plus beau que sa traduction française) est à lire, absolument.
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