Le pitch

« Par Horus, demeure ! » Le souvenir de la Grande Pyramide hante à nouveau Mortimer. Ses cauchemars commencent le jour où il étudie d'étranges radiations qui s'échappent du Palais de Justice de Bruxelles : un puissant champ magnétique provoque des aurores boréales, des pannes dans les circuits électroniques et d'épouvantables hallucinations chez ceux qui y sont exposés. La ville est aussitôt évacuée et enceinte d'un haut mur.

Pour venir à bout du rayonnement, l'armée a conçu un plan qui met en péril l'avenir du monde. Pour Blake et Mortimer, malgré leurs vieilles querelles, malgré leur âge, il va s'agir de repartir à l'aventure, vers une Bruxelles abandonnée pour tenter encore une fois de sauver le monde. Et s'apercevoir que la zone interdite n'est pas si abandonnée que cela.

Ce qu'ils trouveront là est en lien avec leur aventure passée, celle qui les avait menés au temps de leur jeunesse, vers les mystères de la Grande Pyramide.

Mon avis

Pour beaucoup, un album de Blake et Mortimer scénarisé (en partie) et dessiné par François Schuiten relevait du pur fantasme.

Et pourtant, il l'a fait !

Vous imaginez avec quelle curiosité - mais aussi quelle appréhension - j'ai ouvert le volume dont la magnifique - splendide ! - couverture me narguait depuis au moins... deux minutes (oui, impossible d'attendre, j'ai craqué !).

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Couverture alternative (tirage limité)

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Curiosité et appréhension, car qu'allait faire Schuiten, le maître du dessin en volume hachuré, de l'univers du maître Edgard P. Jacobs, un des papes de la ligne claire ?

Deux univers graphiques si éloignés l'un de l'autre qu'il en paraissait inconciliable...

Et pourtant, le résultat graphique est tout simplement époustouflant !

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Mettons cependant tout de suite de côté ce qui fâche (un petit peu) : le scénario.

Schuiten, Van Dormael et Gunzig ont choisi la voie ésotérique. Une histoire totalement étrange, plongée dans le fantastique jusqu'aux cheveux.

A consommer de préférence sous hallucinogène.

L'idée n'est pas ridicule, les auteurs ont juste placé le potentiomètre "fantastique" au maximum et, pour les vrais amateurs de Jacobs, ce n'est pas une hérésie, puisqu'une bonne partie des aventures de B&M baigne dans la SF, le mysticisme et l'étrange.

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Pour ma part, j'ai juste trouvé cela un poil trop décousu à mon goût, avec des jumps temporels présentés d'une manière assez déconcertante.

Mais rien de grave.

La conclusion, tout à fait dans l'air du temps, satisfera tous les amateurs de "mieux vivre"...

Par contre, ce parti pris a une vertu magique : il permet à Schuiten et Laurent Durieux, maître de la mise en couleur, de propulser l'histoire dans une ambiance complètement fantasmagorique, absolument géniale !

Schuiten, s'affranchissant avec bonheur du poids monstrueux de l'héritage jacobsien (poids qui a littéralement et totalement écrasé tous les auteurs ayant repris la franchise précédemment), crée un univers, son univers, et plonge le lecteur dans un océan de ravissement visuel qui court tout au long de ce long one shot de 90 planches.

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Est-ce beau ? Non, c'est tout simplement magnifique, grâce à Laurent Durieux qui met en couleurs de manière exceptionnelle le travail de Schuiten.

Chaque vignette est un tableau, avec une ambiance... je ne vous dit que ça !

Grâce soit rendu aux deux artistes pour leur travail hors du commun.

Certainement le plus bel album de BD lu cette année : courez-y vite !